Plus de dix journalistes et photographes de renom ont quitté cet été l’hebdomadaire de Lagardère active. Une hémorragie qui signe la fin d’une époque.
Ouvert il y a un an par le PDG Denis Olivennes, pour plus de 200 salariés à l’échelle du groupe Lagardère active, le guichet de départs volontaires a connu une traduction concrète depuis juin à Paris Match. Une dizaine de plumes et de photographes historiques en ont profité pour faire leurs valises de l’immeuble Europa de Levallois-Perret. En premier lieu, Elisabeth Chavelet, la rédactrice en chef des grands entretiens politique de Paris Match, quitte l’hebdomadaire. L’arrivée en 2016 du télégénique Bruno Jeudy à la rédaction en chef politique du newsmagazine avait déjà singulièrement réduit l’espace de Chavelet. Autres célébrités à partir, les grands reporters Patrick Forestier, François Labrouillère et Michel Peyrard. Ils assuraient chaque semaine les pages d’enquêtes de Match, l’ADN du titre. Un reportage en Afghanistan avait même valu à Peyrard d’être pris en otage pendant trois semaines par les Talibans en 2001. Autre star à faire ses valises, Alain Spira, le critique de cinéma, a lui aussi quitté le navire Lagardère active.
Présents depuis les années 80, ces grands reporters partent en même temps que plusieurs photographes de renom. Ainsi Marc Brincourt, Bernard Wis et Thierry Esch ne font plus partie du prestigieux service photo de Paris Match dont la base line est le poids des mots, le choc des photos. Pour faire partir toute une génération d’anciens, Arnaud Lagardère a ouvert largement son portefeuille. Le propriétaire aurait mis plusieurs millions d’euros sur la table pour financer les confortables indemnités des partants, bénéficiant tous d’une ancienneté record. Sur l’ensemble du groupe (Télé 7 jours, Elle, France dimanche, Public, etc.), l’addition s’élèverait à plus de dix millions d’euros.
Ce choix d’alléger la masse salariale, dicté par la nécessité d’investir concomitamment dans les supports numériques – y compris à Parismatch.com – n’est pas sans risque. Avec plus de 565 000 exemplaires diffusés chaque semaine, Paris Match pourrait voir une partie de son lectorat le plus âgé le délaisser du fait de la disparition de plumes de renom et donc d’une partie de l’ADN du journal. Lagardère active mise sur l’arrivée de jeunes lecteurs afin de compenser cette hémorragie potentielle. Son application sur smartphone, lancée en 2016, semble lui donner raison. Elle réalise des performances remarquables, selon la direction de Paris Match. Reste une équation économique à résoudre : trouver des recettes équivalentes à la perte de diffusion papier bien plus importantes que celles générées par les canaux digitaux.