Ce portrait appartient à la série des cinq portraits de fous peints par Géricault avant son séjour en Angleterre (1820-1821). Au sujet de ces portraits, il est d’usage d’écrire que l’on ne connaît pratiquement rien de leurs origines. Dans une lettre de 1863, le critique Louis Viardot relate leur découverte, par hasard, à Baden Baden et qualifie ces fous de monomanes. Il spécifie la nature des obsessions de chacun d’entre eux : le vol d’enfants (Springfield), le commandement militaire (Winterthur), le vol (Gand), le jeu (Louvre) et l’envie (Lyon). Selon lui, ces portraits auraient été peints entre 1820 et 1824 – une date probablement erronée – pour son ami le docteur Georget, médecin chef à la Salpêtrière.
En fait aucun document n’atteste les liens entre les deux hommes, ni même l’intérêt de Georget pour ce type de représentations – à la différence du célèbre Esquirol, le réformateur de l’asile, qui déclarait en 1818 avoir fait dessiner plus de 200 aliénés dans le but de publier ses observations sur ce sujet. Il fallut attendre 1924, l’année du centenaire de la mort de Géricault, pour que l’on prenne enfin la mesure de l’importance de ces portraits pour l’histoire de l’art. Dans cette série, la peinture de Géricault se fait introspective. S’éloignant de tout pittoresque, l’artiste peint à travers la représentation de cette folle une véritable effigie clinique, rompant avec les règles traditionnelles du portrait. Il insiste particulièrement sur certains éléments tels que la coiffe, le vêtement, la mimique et le regard exorbité.