Lewis Wallace et William Wyler y perdraient leur latin! Les z(’h)éros du cinéma ! C’est devenu quasiment une habitude à Hollywood : les producteurs et réalisateurs ne peuvent s’empêcher de massacrer – dans des remakes – les films et les séries cultes. Dernière « cagade » en date : le mythique Ben-Hur adapté du roman de Lewis Wallace, Ben-Hur : A Tale of the Christ, péplum épique paru en 1880 (à noter que tout est à craindre également pour le remake des 7 Mercenaires signé Antoine Fuqua, dont la sortie est annoncée pour le 28 septembre).
Or donc, toucher aux chefs-d’œuvre, il faut oser. Timur Bekmambekov, réalisateur de cette nouvelle version de Ben-Hur, l’a fait. Problème : après le Monument aux 11 Oscars de 1959 dirigé par William Wyler – dont l’un de ses assistants du nom de Bob Robertson y fait ses débuts et deviendra célèbre sous le nom de Sergio Leone –, avec notamment Charlton Heston et Stephen Boyd dans les rôles principaux, sans oublier Jack Hawkins dans celui du consul romain Quintus Arrius, la version revue et plus que corrigée de Timur Bekmambekov, ne tient pas la distance et ne supporte pas la comparaison.

D’autant plus que dans cette quatrième adaptation pour le grand écran (en 1907, Sidney Olcott signe une première version muette avec Herman Rottger dans le rôle de Ben-Hur. En 1925, Ramon Novarro interprète à son tour le prince de Judée sous la direction de Fred Niblo, et en 2003, Bill Kowalchuk réalise un film d’animation), il y a beaucoup de changements, de variantes et de « gommages » dans la trame. A cela s’ajoutent quelques réflexions tendance du genre « pas de haine pour ne pas attiser la violence et ne pas diviser ». Quant aux acteurs, Jack Hurton (Ben-Hur), Toby Kebbel (Messala) et Morgan Freeman – coiffé façon rasta avec un « poulpe » sur la tête – en marchand africain à la place du cheik Ildérim propriétaire des quatre chevaux blancs comme neige (Antarès, Aldébaran, Altaïr et Rigel), ils ont à peu près autant de charisme qu’une tranche de pain d’épice équitable.

Restent les morceaux de bravoure – la bataille des galères, la course de chars – et les apparitions éclairs du Christ avec au final la crucifixion sur le mont Golgotha suivie de la guérison miraculeuse de la mère et la sœur lépreuses de Ben-Hur.

A l’arrivée, et sans charre, un film vaseux et lourdingue qui n’éclipsera pas le chef-d’œuvre de William Wyler. Alea jacta est !

Pierre Malpouge – Présent

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