Deux propriétés médocaines, le château des Quatre Vents (Margaux, sept hectares) et le château Bonneau (Haut Médoc, 21 hectares), rachetées en 2014 par le fonds d’investissement chinois Liaoning Energy Investment, subissent depuis plusieurs mois un lent abandon.
La proposition du fonds d’investissement chinois Liaoning Energy Investment avait pourtant reçu les faveurs de Luc Thienpont, le précédent propriétaire belge. Le clos des Quatre Vents était alors devenu le « premier achat chinois à Margaux ». Branche de financement du fournisseur d’énergie électrique Liaoning Energy (charbon, solaire, thermique…), LEC, créée en 1985 avait rapidement diversifié ses cibles d’investissement.
Les propriétés vivotent : en cause, un manque de personnel, du retard dans le paiement des salaires, des problèmes de personnes avec le nouveau gérant chinois, et le délaissement des vignes, ni désherbées, ni correctement traitées depuis l’épisode du gel au printemps. L’ancien propriétaire lui-même reconnaît son total désarroi : « Je ne pensais pas que c’était à ce point. Mais quel gâchis ! »
« C’est un défaut de gestion, nous sommes victimes d’une différence de vues entre le nouveau et l’ancien dirigeant du groupe. Maintenant, quand nous avons des travaux et dépenses à faire pour du désherbage ou encore des traitements phytosanitaires, on fait la demande mais le nouveau gérant ne répond pas. Il ne dit jamais oui ou non. Il ne répond pas », explique un employé qui traduit la situation de désarroi. « Cela dure depuis presque un an, et même début 2016, ça a commencé à être compliqué. »
Lina Fan, gestionnaire des deux propriétés, est arrivée en France il y a plusieurs années et s’est formée en viticulture à Tours puis en commerce à l’Inseec Bordeaux. Appréciée à Bordeaux, commandeur à la Commanderie du Bontemps, elle avait lancé l’organisation du Nouvel an chinois, une réussite, et participé à une exposition de peintres chinois au château d’Arsac. Elle se désole de l’attitude mutique du gérant. « C’est dommage de casser l’image des Chinois, à cause d’une personne », conclut-elle. Une procédure aux prud’hommes a, depuis, été engagée.
Il y aurait actuellement une soixantaine de domaines bordelais achetés par des investisseurs asiatiques. Espérons que tous ne finissent pas comme les Quatre Vents !