Le 24 septembre prochain, 170 sièges de sénateurs seront renouvelés. Il s’agit d’une élection de second niveau : le collège électoral se limite à 16 200 grands électeurs : conseillers régionaux, départementaux, maires, adjoints etc. Traditionnellement, le monde rural y est davantage représenté.
Logiquement, compte tenu des dernières élections locales, le parti Les Républicains aurait dû, à cette occasion, tirer son épingle du jeu.
Avant les présidentielles, la droite se répartissait par anticipation les sièges, pariant sur un renouvellement obligatoire des élus, du fait des interdictions de cumul. On savait par exemple déjà que les sièges de Gaudin ou de Raffarin seraient libérés.
La droite, malgré sa déconfiture des présidentielles, espérait donc bien se refaire une santé le 24 septembre. Il y a actuellement 142 sénateurs LR sur un total de 348 sièges. LR tablait sur une future majorité, bien au-delà de 174 élus.
Mais c’était sans compter sur les dégâts collatéraux de la vague macroniste qui, dorénavant, divise en profondeur Les Républicains. Il ne s’agit pas de débat d’idées, de clivages politiques. Il s’agit juste de stratégie électorale, de pari sur la suite et de rivalité d’écuries. Il n’empêche qu’il y a donc désormais deux partis LR : l’un « constructif », c’est-à-dire macronisé, l’autre « destructif » (ce n’est pas le nom qu’ils ont choisi) qui parie sur une décomposition rapide du macronisme et un recours aux partis traditionnels. Cette division interne aux LR se retrouve chez les « grands électeurs » qui vont, de ce fait, disperser leurs voix.
Mais depuis quelques jours, les LR semblent organiser leur propre suicide. Le Sénat, à majorité de droite relative, est entré en résistance contre un dispositif gouvernemental bien précis, l’un des rares qui soit extrêmement populaire : la suppression de la « réserve parlementaire ».
Enveloppes secrètes…
Nous en avons déjà parlé dans nos colonnes : il s’agit de ces sommes d’argent laissées à la discrétion des parlementaires pour pratiquer le clientélisme : une enveloppe annuelle de 146 millions, pour subventionner des associations (on imagine lesquelles) et servir la soupe à droite ou à gauche. Avec, au passage, la possibilité de priver de réserve parlementaire tel canton, telle ville, ne votant pas bien.
La loi sur la moralisation de la vie publique a prévu la suppression de ces enveloppes secrètes. Mais voilà que les sénateurs – et singulièrement les LR – partent en croisade contre ce projet, comme s’il n’y avait rien de plus urgent, rien de plus grave que cette suppression de réserve.
Peut-être les élus LR s’imaginent-ils que les grands électeurs, dont les communes et structures géographiques d’appartenance bénéficient de cette corne d’abondance, voteront ainsi pour leur réélection. Mais c’est oublier un peu vite que ces « grands électeurs » sont plus que d’autres sensibles au qu’en-dira-t-on, aux sondages.
Les sondés ont parlé : la « réserve parlementaire » doit disparaître. Mais l’image du Sénat ne sort pas grandie de cette « résistance ».