Orphelins, les jeunes le sont aussi de culture. Dans un pays qui fait plus de place au nouvel arrivant qu’à l’indigène, le jeune Français se sent un peu à l’étroit sur sa propre terre. Il sent bien qu’il gêne, qu’il est de trop. Il ne correspond pas au schéma obligé du métis aux mille couleurs. Alors, le jeune Blanc a la haine. Surtout s’il vit dans une enclave musulmane où il a plus de chance que n’importe qui de voir sa sœur violée dans une cave, ou son frère partir en camp d’entraînement pour moudjahidines.
Dans cette confrontation avec l’Autre, le jeune Français se découvre différent de ces jeunes qu’on l’incite à aimer comme ses frères.L’amour du prochain, c’est plus facile avec quelqu’un de… proche de soi. D’une part entouré d’Africains qui revendiquent haut et fort leurs origines ou leur appartenance à l’islam – à travers la musique, les vêtements, etc. –, d’autre part soumis à une société de consommation oppressante qui repose sur des tribus d’acheteurs bien identifiables, le jeune Blanc en vient fatalement à se poser « LA » question : « et moi, d’où je viens ? » Et plus simplement : « je suis quoi ? » C’est là que ça se corse…
Car le jeune Blanc né dans les années 80 – fin des années 70 tout au plus –, est un déraciné, un garçon qui a certes une identité mais qui n’en a jamais entendu parler, que ce soit à la maison ou à l’école. Pire encore, sa famille vient parfois d’un peu partout, et la seule identité qu’il peut revendiquer c’est la France.
Mais là aussi, ce n’est pas simple. Car cette France, ça fait belle lurette qu’elle n’apprend plus à ses enfants l’amour de la patrie. Ça ne sert à rien d’appartenir à la majorité somnolente des Français de souche quand toutes les communautés d’origine étrangère, même les plus minoritaires, sont puissamment organisées, entendues par les pouvoirs publics et particulièrement solidaires envers leurs membres.
On préférerait encore être l’un de ces immigrés, même si cela signifie vivre sur la terre des autres. Car eux au moins ont « du respect », comme l’expliquait Lætitia, de la cité des Minguettes à Vénissieux, dans un reportage de TF1 vu des dizaines de milliers de fois sur le net : « je suis une proie facile : je suis Française… J’aurais mieux aimé être maghrébine ».
Mais comme on ne peut pas effacer sa couleur de peau, on trouve des alternatives : on évoque une vague ascendance italienne pour justifier le pendentif en forme de botte que l’on porte autour du cou, on fête chaque victoire de l’équipe nationale de foot du pays voisin, on se réclame d’un grand-père corse pour revendiquer une identité régionale encore vivace et son appartenance à une communauté respectée (le corse ou le rital de service : un grand classique des cours de récré), on prend un soin infini à remplir la partie du questionnaire Facebook réservé à l’origine, car l’identité est un gage de personnalité…
Mais parfois, on fait un choix encore plus radical : on se convertit à l’islam, religion de la virilité, de la fierté et de la solidarité. Trois choses que l’on ne transmet plus aux jeunes Européens de l’ouest.
Nous sommes les premiers déracinés de l’histoire européenne. Vous trouvez qu’il y a un peu trop d’emphase dans ce constat ? Ce n’est pas le cas. Car on peut dater ce phénomène du déracinement sans trop d’erreur. Ses graines ont été semées dès la fin du XVIIème siècle par la philosophie des Lumières, qui mettait au cœur de sa pensée l’idéal de « l’individu », notion inconnue aux Européens d’alors, habitués à raisonner en termes de « famille », de « corporation », de « paroisses ». Bref, de communautés. À la Révolution française, le courant jacobin l’a emporté dans les esprits : les têtes de Robespierre et de ses complices ont roulé aux pieds de la guillotine après la Terreur mais leur fanatisme a survécu.
Depuis, on s’est employé à faire oublier aux jeunes pousses d’où elles venaient, dans quel terroir elles avaient leurs racines. L’Etat républicain et son bras armé, l’école, n’ont pas suffi : les langues régionales ont perduré. Il a fallu deux guerres mondiales pour épuiser le Vieux continent en tuant ses meilleurs fils ; puis la paix d’après 45, l’américanisation de l’Europe à partir du plan Marshall et la mondialisation dans le dernier quart du XXème siècle pour finir le travail.
En bout de course, il y a la « paix ». Cette funeste faucheuse des pulsions héroïques. Le produit de ce processus inédit dans la très longue histoire des peuples européens, c’est notre génération. Celle du désenchantement cruel. Celle de la paix. Il ne faut donc pas sous-estimer l’ampleur du désastre ni sa nouveauté. C’est cette nouveauté bouleversante qui donne son importance à la révolte des petits Blancs en cours : celle-ci n’est pas une crise d’adolescence, c’est une révolte civilisationnelle.
Orpheline de culture, notre génération l’est aussi de grandes aventures, d’adrénaline, de violence. La violence dont on use pour se défendre est légitime. Or, nos parents la vomissent sous toutes ses formes. Ils nous ont élevé en nous apprenant qu’il ne faut «jamais répondre à la violence par la violence ». Ils n’ont pas connu cette France barbare qui est la nôtre.
Avec leur sous-morale de perdant qui déguise sa lâcheté en sagesse tibétaine, ils nous ont livré pieds et poings liés aux prédateurs urbains, dont la morale importée du bled confond tolérance et lâcheté, soumission et respect. Ce clash des civilisations en bas de l’immeuble, ils ne peuvent pas le comprendre. Ils ne l’ont pas connu. Ils disent qu’ils « savent »… Mais ils ne le ressentent pas. Car ils n’ont pas vécu ce que nous vivons.
Aucun d’entre eux n’a connu cette France dans laquelle une manifestation se transforme en ratonnade géante anti-blancs encadrée par des policiers impassibles (23/3/2006, esplanade des Invalides), en tentative de viol collectif sur une Française emportée par une bande de jeunes noirs (Techno Parade, 25/9/2010, place de la Bastille) ou encore cette France dans laquelle un adolescent de 14 ans, Romain, est assassiné d’un coup de hache en pleine tête par Hamadi Ed-Debch pour lui avoir refusé une cigarette… Un «comportement insultant » selon l’accusé durant son procès.
Nous sommes la génération de ceux qui meurent pour un regard de travers, une cigarette refusée ou un look qui dérange. Aujourd’hui, le lieu le plus dangereux pour un Blanc c’est le lycée. Ou le bus. Voire la sortie de boîte. Il n’a jamais été aussi difficile d’être Français de souche que lorsqu’on est jeune.