Deux très jeunes réalisateurs mettent à l’écran une autre vision de l’adolescence et de ses tourments. Tourné avec des moyens dérisoires et d’excellents acteurs, c’est un touchant petit chef-d’œuvre un peu inclassable, qui tient à la fois du huis clos et du road-movie, de l’intrigue psychologique et de la comédie.
L’histoire se situe exactement à la frontière de l’enfance, Cet âge où l’on a absolument besoin de ses parents. Parents qui sont, dans le film, absents, divorcés ou disparus. Cet âge de l’amitié, des découvertes, des premières expériences, c’est aussi parfois l’âge des troubles, des insomnies, où l’on écrit pour noircir des pages, l’on s’enferme dans sa chambre, l’on refuse le repas en commun pour aller piquer dans le frigo la nuit…
Les jeunes du foyer parlent un peu « grave » de drogue ou de sexualité, mais point de scène « trash » de sexe, de violence ou de drogue, pas non plus d’amitié ambiguë et homosexualisante ou de problème de « genre », ni de famille-tribu recomposée et idyllique. Rien de choquant, pas matière à polémique, rien qui ne fera monter le buzz en quelques heures. Par petites touches, on distille un message à contre-courant des lois récemment votées. En mettant en scène ces ados, l’absence de leurs parents, avec une caméra saine et intimiste, on en vient à défendre la famille « traditionnelle » : ce film sera odieux, insupportable aux bobos ! Aussi la propagande officielle vous déconseillera d’aller le voir. Télérama et Le Monde ont déjà donné le ton :« intrigue cousue de fil blanc », « mièvrerie », « hommage toxique ». N’y allez pas, braves gens, vous reprendriez espoir !
Fatalement, un film qui positionne l’adolescence autrement que celle attendue – méprisante et voyeuriste – d’une addiction sans rêve ni avenir, un film dont les producteurs et les réalisateurs se revendiquent chrétiens ne peut recevoir qu’un tel accueil de la part de ceux qui ont décidé définitivement que la France et sa jeunesse étaient vouées à l’échec par autodestruction et ensevelissement. Rien que pour cela, il faut y aller. Provocation suprême : l’un des personnages principaux, au hasard de son périple, entre dans une église au moment de l’Eucharistie et décrit son émotion…
Hasta Mañana est un long-métrage français réalisé par Olivier Vidal et Sébastien Maggiani, co-fondateurs de So Films Indépendants. Avant sa sortie en salles , le film a été présenté pour la première fois en avant-première au Festival International du Film Méditerranéen Cinémed, en octobre dernier, où il était en sélection officielle pour le Prix du Public. Il a ensuite été présenté en sélection officielle du Festival International du Film d’Amour de Mons, en février 2014. Puis, il fut présenté en sélection officielle au 23e Festival International du Film d’Arizona, aux Etats-Unis. |