Vincent Lambert/ “Les membres du gouvernement qui se réclament du catholicisme sont à la limite de l’excommunication”

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Ces trois chiffres, qu’on voit accolés au nom d’un célèbre héros de romans d’espionnage, portés de surcroît à l’écran, signifie que l’agent secret qui se les voit attribués, a le permis de tuer. On comprend qu’un tel pouvoir fasse fantasmer, surtout dans un pays qui a aboli la peine de mort et se livre à de longues et méticuleuses enquêtes sur des policiers, gendarmes ou militaires qui ont fait usage de leurs armes, se croyant agressés et de ce fait en situation de légitime défense. Ce pays, patrie des droits de l’homme, comme beaucoup de nos orateurs ou écrivains « patentés » aiment à le rappeler (en pensant à 1789, bien sûr !), la France serait donc ainsi la championne du respect de la vie, de la liberté, bref, de tous les bienfaits de la modernité issue des Lumières du XVIIIème siècle qui n’en finissent plus de nous éblouir. Le temps des vacances est propice, pour les dirigeants, à la réalisation de mauvais coups. Mon regretté père me disait qu’à cette période de l’année « la moitié de la France peut crever, l’autre moitié s’en fout. »

Ainsi, en ce mardi 2 juillet nous apprenons en même temps, que nos députés vont discuter et légiférer sur la vertu ou la nocivité des fessées et que le médecin responsable des soins de Vincent Lambert va arrêter de le nourrir et de l’hydrater suite à une décision de la Cour de Cassation. Curieux État que celui dont le pouvoir législatif s’inquiète des traumatismes que pourrait causer une fessée et dont le pouvoir judiciaire donne le permis au pouvoir médical (qui a prêté serment de sauver la vie humaine) de laisser un handicapé mourir de faim et de soif, avec, il est vrai pour l’achever une miséricordieuse piqûre finale. Serions-nous en fait dans le royaume du Père Ubu ?

007 n’appartient plus qu’aux seuls agents secrets et à ceux qui en avaient le droit, et dont c’était même le devoir d’état. Ce sigle est très officiellement étendu à d’autres personnes si nous avons bien compris le réquisitoire de Monsieur le Procureur général près la Cour de Cassation.

Les premiers bénéficiaires de ce pouvoir sont, si j’ose dire, les hauts magistrats. De fait, ils ont par leur verdict rétabli le châtiment suprême contre un handicapé. Rassurez-vous, on ne remontera pas la vieille guillotine. L’exécuteur des hautes œuvres sera un médecin qui, oh plaisir exquis de la transgression, va agir contre son serment, entraînant toute son équipe dans ce grave crime. Et qui demandait avec insistance la mort de cette personne dépendante ? Son épouse, chargée de sa tutelle ! Étrange ? Comment peut-on demeurer tuteur d’une personne dont on souhaite la mort ? Non pas dans un pays où Ubu est roi!

Dans ce qu’on pourrait appeler l’échelle des actes graves de cette très triste affaire, il y a en tout premier lieu la vie de Vincent, réduite certes sur le plan de la communication intellectuelle, mais existant sans autre assistance que la manière artificielle dont il doit être hydraté et nourri, compte tenu de son handicap. Ensuite, et c’est peut-être pire, parce que cela peut justifier d’autres morts, il y a cette phrase terrible du procureur général ! Ce haut magistrat dont la compétence est indiscutable, et qui n’a d’égale que son expertise sur tous les terrains, a exprimé la crainte selon laquelle «  faire de la vie une valeur suprême remettrait en cause la loi Léonetti et le droit à l’IVG. ». Ces paroles sont gravissimes, elles vont dans le sens d’une banalisation de l’avortement, qui pour Madame Veil n’était pas l’expression d’un droit mais plutôt d’un échec (ce qui ne justifie pas sa loi) et d’une légalisation totale de l’euthanasie. Il me semble de plus, mais je ne suis pas juriste, qu’elles dépassent le champ d’action des magistrats de Cassation qui ne jugent que sur la forme et auraient dû s’en tenir à tous les niveaux à la seule question de la compétence de la cour d’Appel, et non invoquer des lois moralement discutables, auxquelles aucun catholique ne peut obéir. Libre à lui de s’en moquer, mais pas au point de mêler des arguments de fond, qui, à la place qu’il occupe, ne le regardent pas selon moi. Je ne sais que trop que notre république est laïque, mais est-ce une raison pour attaquer de front et avec agressivité l’enseignement de l’Eglise catholique? Et ce, quelques mois après que le président de la République ait déclaré vouloir réparer le lien abîmé avec l’Eglise. […]

Je n’ai rien à dire à Madame le Ministre de la santé qui a fait appel au nom du gouvernement à la Cour de Cassation. Elle a joué le jeu de la solidarité ministérielle, comme le veulent nos usages républicains, et elle n’a fait qu’obéir au Premier Ministre et surtout au Chef de l’Etat, mais elle n’appartient pas à ma chapelle. En revanche les membres du gouvernement qui se réclament du catholicisme doivent savoir qu’ils sont à la limite de l’excommunication. Le procureur général lui, a dépassé cette limite, puisque son propos fait l’apologie de l’avortement et de l’euthanasie et incite à la mise à mort d’un handicapé. Qu’il se rassure, il n’est pas tout seul, les magistrats qui l’ont suivi sont tous dans le même cas. Concrètement, à moins de repentir public, leurs cercueils ne devraient pas entrer dans une église. Et j’espère bien que mes confrères sauront avoir le courage de dire non et de soumettre le cas à leur évêque (et je ne souhaite pas leur mort, bien au contraire, comme le prophète Ezéchiel (18 v 23) je dis « ce que je désire, est-ce que le méchant meure ? dit le Seigneur, l’Eternel. N’est-ce pas qu’il change de conduite et qu’il vive. » mais nous quitterons tous un jour ce monde et aurons des comptes à rendre.)

Tout cela, le moment venu, je le redis, sera de la responsabilité de l’évêque du lieu. Même chose pour les médecins et le personnel hospitalier qui accompagnera l’exécution dirigée par le docteur Sanchez du CHU de Reims. Tous ces 007 auto proclamés se sont mis eux-mêmes en dehors de l’Eglise, certains déjà par leurs paroles, d’autres bientôt par leurs actes. Dire cela ne me donne pas bonne conscience et ne me procure aucun plaisir. Se savoir appartenir à un pays qui fait si bon marché de la vie humaine donne honte. Et ce n’est pas parce que dans le même temps nos députés se laveront les mains en les privant de fessées que cela nous mettra du baume au cœur. Même s’ils agissent avec la bonne intention que ne se renouvelle plus une fessée telle que celle qui contribua grandement à rendre folle Théroigne de Méricourt en 1793 (ce qui lui avait épargné quand même la guillotine mais pas vingt ans d’asile d’aliénés où elle mourut), cela ne dédouane personne en France de la mise à mort d’un handicapé mental. « Tu ne fesseras plus indûment mais tu tueras plus largement. »ne sera jamais qu’un commandement digne du roi Ubu. Et ce n’est pas un nostalgique de la fessée qui vous le dit comme une chanson de 1818 de l’irrévérencieux chansonnier Béranger pourrait le laisser croire puisque dans son refrain de sa chanson sur les « Les révérends pères » (jésuites), il écrit :« C’est nous qui fessons, et qui refessons, les jolis petits, les jolis garçons. ». Voilà les vilaines pratiques cléricales, sources des brutalités contre les enfants, condamnées par nos députés. Cela ne fera jamais oublier l’agonie programmée de Vincent Lambert qui commence aujourd’hui.

Abbé Michel Viot

 

NB

Vous pouvez appeler l’ordre des médecins au ‭01 53 89 32 00‬ en leur demandant de se saisir pour rappeler au dr Vincent Sanchez ses obligations déontologiques et le respect du droit qui ne l’autorise pas en état à poursuivre l’arrêt des traitements.

Ils répondent mais il faut être poli et ferme.

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