Le Mythe du sauveur américain – Essai sur une imposture historique (1917-1918)

 Dominique Lormier est un écrivain passionné d’histoire aux goûts éclectiques. De la Résistance dans le sud-ouest aux corridas de Bayonne en passant par la biographie d’un Grand Lama tibétain, peu de sujets échappent à sa curiosité.

Son nouvel opus – Le Mythe du sauveur américain – Essai sur une imposture historique – publié aux éditions Pierre de Tailhac, est un vibrant plaidoyer en faveur de l’Armée française en 1918, victime d’une opération de propagande, en partie auto-infligée, pour mettre en valeur l’Armée américaine et son rôle dans la défaite de l’Allemagne.

Quand un écrivain s’intéresse à l’histoire, il possède un immense avantage par rapport à la majorité des historiens : il est agréable à lire et, en un peu moins d’une heure, on expédié ses 112 pages au compteur sans risquer un mal de tête.

Pour résumer l’argumentaire de l’auteur, il ne faut pas se laisser abuser par les chiffres, nombreuse sur le papier, l’Armée américaine n’était présente sur le front que pour une fraction infime de l’effort franco-britannique avant la fin des combats.

Les Sammies n’ont pas eu le temps d’intervenir en masse. Leur rôle dans la victoire est bien inférieur à celui de l’Armée italienne comme le rappelle à juste titre Dominique Lormier. Sans le sacrifice des Italiens et de notre Armée d’Orient, jamais l’Armée austro-hongroise n’aurait été vaincue. C’est la percée vers le Danube qui a permis la fin de la guerre car sans l’appui des soixante divisions de l’Armée impériale et royale, l’Armée allemande ne pouvait pas tenir.

Notre armée de 1918 est donc l’artisan majeur de la défaite de l’Allemagne. Loin d’être une armée affaiblie, fatiguée, démoralisée, l’Armée française était redoutablement efficace car elle avait non seulement l’expérience de quatre années de guerre mais aussi elle bénéficiait d’un armement terrestre et aérien sans équivalent chez l’ennemi.

Bref, Dominique Lormier nous offre un bon moment de lecture qui rend justice à nos grand-parents et j’espère qu’il incitera quelques historiens militaires à se pencher sur la question pour pondre un ouvrage bien solide qui réponde à toutes les questions que ce court ouvrage de vulgarisation laisse sans réponse.

Parmi les détails à fignoler pour une nouvelle édition, l’appareil de notes est frustrant. Il n’est pas possible de sourcer un ordre du jour de la VIe Armée française ou une citation du général Pétain simplement par « Archives militaires françaises, Vincennes ».

Le Mythe du sauveur américain – Essai sur une imposture historique – Editions Pierre de Taillac, 122 p., 14,90 €.

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