Le sous-sol parisien n’a pas encore livré tous ses secrets. Sous une chaleur caniculaire, une petite équipe d’archéologues exhume à l’aide de pinceaux des squelettes reposant dans des sarcophages ensevelis sous de nombreuses strates géologiques, amoncelées au pied de l’église Saint-Germain-des-Prés (VIe), l’un des édifices cultuels le plus ancien de la capitale. Ils viennent de mettre au jour une nécropole mérovingienne sous le square Félix Desruelles attenant à l’édifice religieux et espèrent découvrir encore bien d’autres vestiges au cours de l’été.
« Les fouilles ont démarré en juin avant le lancement des travaux de restauration des décors intérieurs (réalisés par le peintre Hippolyte Flandrin, NDLR) de l’édifice religieux », explique Martial Braconnier, ingénieur chargé de la sous direction du patrimoine et de l’histoire à la Ville de Paris. Ils espèrent compléter les travaux de Théodore Vacquier, éminent archéologue du XIXe s qui a déjà fouillé une partie du site et repéré ce cimetière mérovingien. Autre défi : mettre au jour les premières fondations de l’église édifiée au VIe siècle par Childebert avant d’être reconstruite en l’An Mil sous la forme d’une basilique romane. « Nous n’écartons pas la possibilité de trouver des vestiges remontant à l’antiquité », espère Martial Braconnier.
Sans doute un cimetière de moines…
Plusieurs tombes orientées Est-Ouest — comme l’église — ont été découvertes. « La plupart des sarcophages sont en plâtre. Les tombes en pierre (plus rares) datent de l’époque carolingienne », précise David Caxall, le responsable du pôle archéologie. Des morceaux de poterie, vestiges d’objet de la vie quotidienne et 11 squelettes ont été exhumés. « Ces ossements sont ceux d’hommes. Ce qui nous incite à penser que ce cimetière était réservé à des moines. Mais à ce stade, il ne s’agit que d’une hypothèse », analyse avec prudence Martial Braconnier.
Pas question de laisser sur place ces vestiges qui suscitent la curiosité et parfois aussi la convoitise ! Les squelettes exhumés sont transportés au fur et à mesure dans les locaux du département de l’histoire de l’architecture et de l’archéologie de la Ville de Paris, rue Cadet (IXe) avant d’être conservés dans des entrepôts à Bercy (XIIe).