Tribune libre d’Alexandre Vatimbella et de Jean-Louis Pommery*
Pressé par ses amis de laisser la présidence du Mouvement démocrate, François Bayrou a refusé de laisser la barre au parti qu’il a fondé. Il a, en revanche, accepté de prendre du «recul» et de «visiter le pays du silence». Selon lui, il n’interviendra plus que sur les grandes questions dont, en particulier, le fédéralisme européen, auquel, dit-il, il a beaucoup réfléchi. Il laisse la gestion du quotidien à sa fidèle collaboratrice, Marielle de Sarnez, celle-là même qui a opéré le glissement à gauche du parti et qui est comme son ombre.Sûr qu’elle gardera au chaud la place de son François, sans dévier de la ligne. Elle aura, à ses côtés, une équipe largement constituée par ceux qui, venant de la gauche et de l’écologie, ont adhéré au MoDem en 2007. Mais, ayant dit cela, pas sûr, en revanche, qu’elle puisse maintenir l’illusion d’une formation politique avec une ligne claire et approuvée par l’ensemble des militants. L’unité du Mouvement démocrate est une chimère depuis le début et seul l’espoir entretenu que Bayrou pourrait faire un miracle en devenant président de la république a cimenté des personnalités dont les parcours et les idées politiques ont peu de choses à voir entre eux.
On le voit bien actuellement avec ceux qui prônent une alliance avec le Parti socialiste, d’un côté, et tous ceux, parmi eux les survivants de l’ancienne UDF, qui demandent un recentrage et des discussions avec les autres centristes, notamment ceux de l’UDI (Union des démocrates et indépendants). Tiraillé entre ces deux tendances, l’avenir du Mouvement démocrate s’annonce difficile.
Exemples de ces incohérences politiques? Au Sénat, les élus du Mouvement démocrate font partie du même groupe que les élus des autres partis centristes, l’UCR (Union centriste et républicaine). A l’Assemblée nationale, les deux députés MoDem ont refusé d’appartenir à l’UDI (Union des démocrates et indépendants) qui regroupent exactement les mêmes partis que l’UCR!
Pire, un des députés a choisi d’être un non-inscrit pendant que l’autre, qui avait pourtant promis de rejoindre un groupe avec les autres partis centristes, a décidé de s’affilier à un groupe de députés de gauche et Radicaux de gauche.
Quand Jean-Luc Bennahmias et Robert Rochefort quémandent un strapontin dans le gouvernement de Hollande, Jean-Marie Vanlerenberghe veut renouer avec les anciens de l’UDF partis au Nouveau centre et à l’Alliance centriste. Si le Mouvement démocrate était un parti avec de nombreux militants et de nombreux élus, ces oppositions pourraient se gérer. C’est loin, très loin d’être le cas. Et, pour surajouter à la difficulté, le voilà qui sort de deux nouvelles défaites électorales auxquelles il faut rajouter toutes celles entre 2007 et 2012. Si l’UDI est un succès et que ses promoteurs parviennent à le transformer en parti politique, le Mouvement démocrate aura sûrement des difficultés à éviter l’implosion. D’un certain côté, cela clarifierait enfin son positionnement politique.
*Alexandre Vatimbella est journaliste et directeur du CREC (Centre d’étude & de recherche du Centrisme).Jean-Louis Pommery est responsable des études du CREC> Cet article est produit en partenariat avec le Centre d’étude & de recherche du Centrisme
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