Grand Remplacement en Europe/ La folie suédoise

Avec le présent article sur la Suède, Polémia ouvre un « tour d’Europe » sur l’immigration extra- européenne dans quelques pays européens. L’objectif est de dresser un panorama de la situation dans plusieurs pays, dont certains ont connu durant les dernières années une transformation rapide de leur population, sur le plan ethnique, religieux, social et culturel.


Le concept de Grand Remplacement

Peut-on qualifier le processus migratoire qui est à l’œuvre dans différents pays européens de « grand remplacement » de la population ? Ce terme est désormais utilisé par les partisans de l’immigration pour désigner une théorie complotiste, voire dangereuse et caricaturer les arguments des opposants à l’immigration de masse. Le fait que l’auteur de l’attentat commis le 15 mars à Christchurch en Nouvelle Zélande ait fait référence au « grand remplacement » a été du pain béni pour nombre d’éditorialistes, qui ont utilisé l’occasion pour jeter le bébé avec l’eau du bain. Pour ce sujet-là comme pour d’autres, la caravane passe, les chiens aboient. Les éditorialistes et politiciens de grand chemin ne voudront jamais admettre l’impasse dans laquelle ils nous ont menés.

Renaud Camus a eu le mérite de traduire avec cette expression une réalité sensible, empirique, qui s’offre à chacun de nous : l’immigration extra-européenne est devenue massive, particulièrement dans les « zones urbaines ».

Néanmoins, à l’instar d’Alain de Benoist, force est de constater qu’en Europe, le pouvoir politique n’organise pas l’éviction de natifs pour mettre à leur place des étrangers, souvent extra-européens. Des européens de souche (des « natifs au carré », pour reprendre l’expression de la démographe Michèle Tribalat désignant les européens dont les deux parents sont nés dans le pays de résidence) ne sont pas « remplacés » par un processus volontaire.

Ils sont moins nombreux en raison d’une faible natalité et de la mortalité. Les immigrés et les descendants d’immigrés, issus de façon croissante d’Afrique, sont quant à eux de plus en plus nombreux, à cause de la politique menée par nos gouvernants. Le grand remplacement doit donc s’entendre comme une politique migratoire volontariste, qui aboutit à un changement profond dans la composition de la population et qui a de multiples impacts. Ce phénomène est observable dans plusieurs pays européens, comme nous allons tenter de le démontrer.

La Suède

La Suède est un exemple assez édifiant de la transformation de la population d’un pays européen. Alors que le pays a connu une immigration européenne modérée jusque dans les années 60 (1), la proportion d’étrangers, essentiellement extra-européens, a augmenté significativement depuis les années 1970. La dite « crise des migrants » en 2015 a entraîné un pic dans l’afflux de non européens en Suède. Elle en subit encore aujourd’hui certaines conséquences.

Une politique migratoire débridée jusqu’en 2015

D’après les chiffres de l’institut suédois de la statistique, la population suédoise était dans les années 1950 composée de 7 millions d’habitants, dont 197 000 nés à l’étranger. Alors que la population atteignait 10 millions en 2017, le nombre d’habitants nés à l’étranger en Suède a été multiplié par dix, pour atteindre 1,8 million. La population étrangère depuis deux générations est passée de 20 % de la population totale en 2002 à 30 % en 2017. Alors que la population autochtone baissait dans la période de 94 000 habitants, la population étrangère a augmenté de 1,1 million d’habitants(2).

La politique d’asile de la Suède a été un facteur majeur d’immigration. L’abaissement des frontières et des critères d’admission généreux ont contribué à l’explosion du nombre de demandeurs d’asile.Cette augmentation a été particulièrement sensible dans les années 2010. La Suède a été ainsi en 2015 un des pays qui a, par habitant, accueilli le plus de demandeurs d’asile en Europe. Des demandeurs d’asile qui viennent essentiellement d’Afghanistan, d’Iran, d’Iraq, de Syrie et de Somalie. Cette politique que d’aucuns qualifieraient de « généreuse » et d’autres de démagogique a été abandonnée à partir de 2016. Mais elle illustre de façon édifiante la pertinence de la théorie de l’appel d’air : le nombre d’arrivées d’étrangers dépend des conditions d’entrée et d’accueil sur le territoire.

Le résultat est là : la population étrangère dans les villes de plus de 200 000 habitants atteint 44 % (3). L’islam est devenu la deuxième religion du pays. Une étude récente met en avant la progression de l’islam le plus radical en Suède, avec une sécession de certains quartiers du reste de la société (4). Si une partie des nouveaux arrivants a pu trouver un travail, un rapport réalisé en 2018 par un groupe d’experts rattaché au ministère de l’économie suédois (5) évalue à 8 000 euros le coût annuel tout au long de sa vie d’un migrant récemment arrivé.

Un durcissement de la politique d’asile à partir de 2016

A l’instar de l’Allemagne, après une ouverture inconsidérée des frontières en 2015, la Suède a dû faire face à un afflux massif et incontrôlé de migrants. Le gouvernement a pris à partir de juin 2016 des mesures visant à stopper les entrées : fermeture et contrôles aux frontières, refus d’entrée dans le territoire aux individus non munis de titres d’identité, limitation de la durée des titres de séjour, limitation du regroupement familial (6), renvoi de mineurs n’étant pas reconnus réfugiés politiques (7)… Autant de mesures qui ont prouvé leur efficacité, et dont le gouvernement français pourrait s’inspirer… s’il en avait la volonté. Ce qui n’est manifestement pas le cas.

Insécurité et délinquance

Une femme politique suédoise, Ebba Bush Thor, affirmait récemment que la politique migratoire est responsable de l’insécurité que ressent désormais un nombre important de femmes suédoises(8). Un sondage réalisé en 2018 par l’Agence de sécurité nationale (NTU) fait ressortir un sentiment d’insécurité grandissant des jeunes femmes dans les rues du pays (9) : 42 % des jeunes femmes de 20 à 24 ans partageraient ce sentiment d’insécurité. Les différences culturelles entre natifs et nouveaux venus, la place de la femme dans la société et la rue, l’afflux d’hommes jeunes et parfois désœuvrés, autant de réalités qui semblent revenir comme un boomerang(10).

Certains faits divers ont ému l’opinion publique, comme l’agression de jeunes femmes par des étrangers lors d’un festival de musique en 2016 (11), l’autorisation donnée en 2018 à une mosquée de diffuser l’appel à la prière le vendredi (12) et le procès gagné par une femme musulmane qui a refusé de serrer la main lors d’un entretien d’embauche(13). Dans un autre registre, des études réalisées dans le pays mettent en avant une sur-représentation des migrants dans certains crimes et délits, notamment concernant les viols.(14).

Réactions et perspectives

En Suède comme dans d’autres pays européens, c’est la montée des partis populistes qui a été le signal de l’exaspération du peuple face à la politique migratoire débridée du gouvernement. Le parti des Démocrates de Suède a ainsi réalisé un score inégalé (19 %) aux dernières élections législatives (15). Une universitaire d’un institut d’études prospectives suédois, Bi Puranen, affirmait récemment que « les trois quart des suédois considèrent que l’immigration ne fonctionne pas bien » (16).  La bonne santé de l’économie et la légendaire tolérance suédoise n’auront donc pas suffi pour assurer une intégration sans heurts d’une partie de la population récemment arrivée.

Une étude du Pew Research Center sur l’augmentation de la population musulmane en Europe (17)met en avant un pourcentage de 8,1 % de musulmans dans la population suédoise. Les auteurs de l’étude concluent que quelle que soit la politique d’immigration qui sera menée, y compris l’immigration zéro, cette population sera amenée à prendre plus d’importance, en raison notamment du taux de natalité plus élevé chez les musulmans. Une projection avec une hypothèse haute d’immigration dans les 30 prochaine années fait ressortir que les musulmans pourraient représenter 30 % de la population en Suède à l’horizon 2050.

En Suède comme ailleurs, la population n’a jamais été consultée sur la transformation qui est en cours dans le pays.

 

Paul Tormenen

(1)« Les suédois et l’immigration ». Fin de l’homogénéité. Fondation pour l’innovation politique. Septembre 2018.

(2) Statistics Sweden. Cité par Michèle Tribalat dans « L’immigration extra-européenne a explosé en Suède ». Causeur. 30 août 2017.

(3) ibid (2)

(4) « Entre le salafisme et le djihadisme salafiste ». Ouvrage collectif.Université de la défense suédoise. 2018.

(5) « Sweden’s economy is giving a lift from migrant». Bloomberg Businessweek. 21 août 2018

(6) « Comment la Suède a durci sa politique d’asile ». Le Monde. 28 mai 2018.

(7) « Sweden’s migration and asylum policy ». Site du gouvernement suédois. Février 2018.

(8) « Mass immigration has led to insecurity for women ». Breitbart. 10 mars 2019.

(9) « L’insécurité et l’anxiété face à la criminalité limitent la vie quotidienne ». Agence de sécurité nationalesuédoise. 2018.

(10) « Les valeurs traditionnelles, les valeurs séculières et rationnelles ». World value survey. 2017.

(11) « Suède : la police a caché une vague d’agressions sexuelles ». Le Point. 11 janvier 2016.

(12) « La Suède autorise une mosquée de diffuser l’appel à la prière le vendredi ». Paris Match.  8 mai 2018.

(13) « Suède : une femme refuse de serrer la main lors d’un entretien d’embauche et gagne son procès ». RT France. 17 août 2018.

(14) « Sweden to release first report on migration and crime since 2005». Breitbart. 2 avril 2018.

(15) « La percée des anti-migrants ». Valeurs actuelles. 10 septembre 2018.

(16) ibid (1)

(17) « L’augmentation de la population musulmane en Europe ». Pew research center. 2017

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