Mon héros de la semaine / Bill Millin, le cornemuseux du D-Day

Par Alain Sanders

On a tous en tête cette image du film Le Jour le plus long (1962) : le 6 juin 1944, lors du débarquement des Britanniques à Sword Beach, un homme qui, comme pour un banal Trooping the Colours, sonne de la cornemuse sur le rivage. Autour de lui, c’est l’apocalypse. Never Mind ! Au milieu des explosions, des tirs de barrage, des cris des soldats qui tombent, il est debout. Et, revêtu de son kilt, il souffle dans son bag pipe

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Cet homme a réellement existé. Il s’appelait Bill Millin. Né en 1922 à Glagow, en Ecosse, il avait été engagé dans les commandos (par le capitaine Simon Fraser passé à l’histoire sous le nom de Lord Lovat) et nommé cornemuseux de la Special Service Brigade.

Quand la Special Service Brigade débarque, en ce matin du 6 juin, Lord Lovat est à la tête de ses hommes. Flanqué de Bill qui joue un des standards de la musique écossaise, Highland Lady. L’effet est immédiat sur les gars qui montent au casse-pipe. L’un d’entre eux, un rescapé, Tom Duncan, dira plus tard :

— Difficile de décrire l’effet de la musique de Bill Millin. Elle nous mit du baume au cœur en même temps qu’elle regonflait notre ardeur. En nous rappelant notre « chez nous », elle a donné tout son sens au fait que nous étions là pour nous battre.

Dans la journée, alors que les Britanniques ont progressé dans Ouistreham, ce sont encore les airs de Millin, dont Scotland the Brave bien sûr, qui accompagnent les troupes de Sa Très Gracieuse Majesté. Belle revanche écossaise ! Trop heureux de montrer aux Anglais qui jadis punissaient de mort les cornemuseux, symboles de l’irrédentisme écossais, le savoir-faire d’un fils des Highlands.

Bill (et sa cornemuse) seront présents jusqu’à la fin de la guerre, en France, en Hollande, en Allemagne. Après la guerre, Bill sera souvent à l’honneur – avec sa cornemuse – lors des cérémonies commémoratives du D-Day.

Des soldats allemands témoignèrent plus tard qu’ils avaient eu le bag piper dans leur viseur, mais qu’ils n’avaient pas tiré sur lui :

— On pensait qu’il était fou ! On ne tire pas sur un fou…

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