Qu’on se le dise et qu’on se le redise, n’en déplaise à ceux qui voient partout malice. Si Nicolas Sarkozy, la semaine dernière, a rencontré Shimon Peres et Benyamin Netanyahou, ce n’était pas dans l’intention de réaffirmer l’attachement payé de retour qu’il éprouve pour la communauté juive, mais pour discuter avec ses interlocuteurs de l’interprétation d’un point particulièrement délicat du Talmud.
Si, quelques jours plus tard, il a rendu visite à M. Rajoy, ce n’était pas pour resserrer les liens qui unissent par-dessus les Pyrénées les deux partis conservateurs espagnol et français, mais pour lui arracher le secret de la recette de la vraie paella.
Si, reçu en audience par Juan Carlos, son entourage a claironné un peu partout que l’encore monarque lui avait réservé en primeur la nouvelle de sa prochaine abdication, c’est en toute innocence et sans la moindre intention de faire remarquer que l’actuel président de la République n’avait pas été le premier informé.
De même, c’est pur hasard si, de passage à Moscou, Nicolas Sarkozy a hélé un avion en maraude qui l’a conduit en cinq heures à Sotchi où il a retrouvé son vieil ami Vladimir vingt-quatre heures avant que celui-ci rencontre lui-même un certain François Hollande. Quoi de plus naturel et de plus plaisant que d’entendre Poutine raconter des histoires belges tandis que le soleil se couche sur la mer Noire, tout en savourant une coupe de mousseux de Crimée !
Quand il n’est pas plongé dans la passionnante lecture de ses contes de campagne, Nicolas Sarkozy a trop d’occupations absorbantes, telles que préparer ses conférences, suivre la tournée de Carla Bruni, promener la petite Giulia pour s’intéresser encore, si peu que ce soit, aux petites intrigues politiciennes, aux grosses magouilles et aux déboires de ce parti dont c’est tout juste s’il se rappelle encore le nom.
Et lorsque entre deux perquisitions de son bureau parisien, il apprend que les onze millions du Sarkothon n’ont pas suffi à boucher le trou qu’avaient creusé les dépenses de sa campagne présidentielle dans les obscures finances de l’UMP, qu’un certain Jean-François Copé a quitté la présidence de ce mouvement à la tête duquel l’ont remplacé trois anciens Premiers ministres, que la police et la justice épluchent les comptes fantastiques d’une société (inconnue de lui) qui répond au joli nom de Bygmalion, que la révélation des turpitudes de cette société qui était à la fois la bénéficiaire des largesses et le tiroir-caisse de l’UMP lui a coûté neuf points de bonnes opinions, ou qu’Alain Juppé et François Bayrou, couple improbable en pleine lune de miel, le dépassent en popularité, franchement, qu’est-ce que vous voulez que ça lui fasse ?