Il y a ce que disent les Gilets jaunes. Il y a surtout ce qu’ils révèlent. Cette manière de parler d’eux, dans la presse, les médias, les milieux politiques, sur les réseaux sociaux ! Une distance, une condescendance, un mépris.
Au miroir du mouvement des Gilets jaunes, l’élite politique, intellectuelle, culturelle a laissé voir son vrai visage. Début janvier 2019, le président promet d’éviter ces “petites phrases” qui risquent d’être mal interprétées, mais il rechute aussitôt. Les médias ne devraient pas, dit-il, donner sur leurs antennes “autant de place à Jojo le Gilet jaune qu’à un ministre” . Ainsi se révèlent l’étendue et la profondeur de la fracture qui sépare les “élites” des “gens d’en bas” . Fracture géographique, économique, politique et sociale. Et surtout fracture culturelle, entre les habitants des grandes villes, et tous les autres.
La violence et les embardées de langage de quelques-uns ont jeté le discrédit sur les Gilets jaunes. Il ne faudrait pas qu’une élite, assurée de sa légitimité, en tire argument pour occulter la force d’un mouvement qui a fait entendre une exigence de justice et d’égalité, parfois confuse, mais toujours profondément démocratique. Retrouvant ainsi l’inspiration des grands sursauts populaires qui ont marqué notre histoire.