Depuis l’arrivée massive d’immigrants venus des « nouvelles démocratie du sud de la Méditerranée » et depuis les interventions françaises en Libye et en Côte d’Ivoire, nous voyons refleurir un discours moralisateur que malheureusement nous ne connaissons que trop. Nous n’avons pas le droit moral de nous opposer aux uns ou aux autres. Non pas que cela ne relève pas de nos intérêts bien compris (critique politique), mais que la morale s’y opposerait. Nous n’y prêtons plus attention tellement le discours des bonnes âmes nous apparaît nul et non avenu. C’est une erreur de penser que ces discours sont anodins. Ils sont les piqûres de rappel d’une idéologie dominante, certes affaiblie, mais ayant toujours le quasi-monopole du droit à la parole publique.
Si on réduit le fait politique à son essence pure, certains diront le noyau atomique, le pouvoir politique est de pouvoir, au nom de la survie du groupe, s’opposer à l’autre. Seule l’Europe vit aujourd’hui en dehors de ce système de pensée. Cela au nom à la fois de la repentance et d’une vision abâtardie de l’universalisme.
Or aujourd’hui ces notions sont des virus mentaux incapacitants. Ils sont utilisés comme arguments de puissance par nos adversaires en Afrique par exemple contre la présence d’intérêts français (cf. l’action de l’association survie dans la désinformation sur le rôle de la France au Rwanda) ou européens.
La réécriture du passé est une arme de guerre car en fin de processus elle induit une volonté d’expiation qui tend à l’autodestruction. C’est ce processus que décrit avec minutie le grand philosophe Jean-François Mattéi dans son dernier livre Le procès de l’Europe (PUF).
Dans cet ouvrage majeur, le professeur Mattéi analyse en philosophe la repentance à l’aide d’un savoir qui force l’humilité du lecteur.
Plus qu’un excès d’universalisme, nous indique-t-il en substance tellement l’ouvrage est stimulant qu’il apparaît bien cavalier de vouloir le résumer, c’est de renoncer aux règles universelles du rapport de force entre autre dont nous souffrons.
Notre volonté de nous excuser d’exister est un mystère anthropologique, aucune civilisation ne peut vivre sur cet héritage empoisonné, ni survie, ni puissance, ni assimilation, ni bien commun ne sont possible voir même envisageable dans ces cas.
A notre génération, il faut de grands maîtres à admirer pour se sortir de cette haine de soi et cette morale du linceul pour aller vers une éthique, vers ces « citadelles qui résistent » comme l’écrivait Christian Combaz, définissant les civilisations.
Le Cercle Aristote organise à Paris (centre Saint-Paul) des conférences, chaque lundi et jeudi soir. (voir l’affiche)