Il y a seulement quelques jours, le cardinal Sarah rendait hommage au professeur Jérôme Lejeune, et déclarait : « oui, il s’agit bien d’un combat, à la vie à la mort », évoquant celui du défunt généticien pour la vie.
Quatre jours plus tard, 146 médecins et chercheurs publient un texte dans Le Monde pour remettre en cause l’action de la Fondation Lejeune, en particulier les procédures judiciaires lancées contre des autorisations de recherche sur l’embryon. Ces signataires demandent donc aux pouvoirs publics de « reconsidérer » la reconnaissance d’utilité publique de la Fondation. Les raisons sont évidemment idéologiques : dans un pays où la remise en cause de l’avortement est devenue un interdit absolu, la Fondation dérange.
Et pourtant. Cette dernière est restée fidèle au combat de celui dont elle porte le nom, c’est vrai. Il s’agit déjà là d’un courage d’utilité publique. Mais au-delà de ce point sur lequel ses ennemis autodésignés n’entendront pas raison tout de suite, son efficacité est incontestable. Aussi bien dans les consultations médicales pluridisciplinaires qu’offre son Institut à 8 500 patients déficients mentaux que dans la recherche sur les retards mentaux d’origine génétique. Parce que cette Fondation a le « malheur » de considérer qu’il vaut mieux guérir une maladie que supprimer les malades. C’est bien là son erreur impardonnable aux yeux d’une société qui s’enorgueillit de régler le problème de la trisomie en éliminant 96 % des personnes atteintes de cette maladie avant même qu’elles ne naissent.
Son combat pour la vie l’a menée, en effet, à soumettre au juge administratif la question de la légalité de certaines décisions de l’Agence de la biomédecine autorisant des travaux de recherche sur l’embryon. Le Conseil d’Etat a d’ailleurs reconnu l’intérêt à agir de la fondation dans ce domaine. Mais qu’importe, et le vote récent du délit d’entrave à l’avortement nous le rappelle : quiconque continue à se battre sera abattu.
Le combat est bien celui-ci, et le pedigree des signataires ne laisse aucun doute sur le sujet.
On trouve par exemple le professeur René Frydman, qui a emmené en 2016 un collectif de 130 médecins qui ont déclaré avoir bravé la loi en recourant à la PMA pour des couples homosexuels. On remarque également Israël Nisand qui reconnaissait dans le Journal Vivre Ensemble de l’UNAPEI que « quand on choisit les enfants à naître, on est dans un programme eugénique », avant d’ajouter « cela ne m’offense pas de l’accepter ». Ce n’est pas tout : Jean-Didier Vincent qui déclarait au président de la Fondation (dans l’émission scientifique « La tête au carré » le 12 octobre 2012) : « Allez au fond de votre idéologie : vous êtes contre l’eugénisme qui élimine les trisomiques. C’est tout. C’est clair. Ne biaisez pas là-dessus ! » avant de conclure : « Pourquoi faut-il conserver les trisomiques qui sont quand même un poison dans une famille, il faut bien le dire ! ».
Le doute n’est pas permis : la Fondation Lejeune est aujourd’hui menacée et dénoncée parce qu’elle refuse de céder à la culture de mort et invoque contre vents et marées le secours de la loi pour défendre les plus fragiles contre l’eugénisme et le transhumanisme.