L’Insoumis est un intéressant documentaire français, réalisé par Gilles Perret et consacré à la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. Ce candidat s’est réclamé du mouvement dit des Insoumis, d’où le titre. Derrière une façade, voulue novatrice et qui tient compte des techniques de communication moderne, se trouve une synthèse des plus datées de communisme et de socialisme strict. Après sa rupture avec le parti socialiste, où il a milité durant plus de trois décennies et dont il a été l’un des sénateurs, soit un parti et un poste dans les faits guère révolutionnaires, M. Mélenchon a retrouvé les élans trotskystes de ses vingt ans des années 70. Il le reconnaît explicitement dans le film. Le fond de son discours est resté – ou redevenu ?- strictement marxiste, même si le « philosophe » et « économiste » socialiste allemand n’est jamais mentionné explicitement. La vision de l’Histoire et de la société proposée par Mélenchon relève de la théorie de la lutte des classes : il oppose les pauvres, ou prolétariat, dont il a sollicité les votes, à la classe dirigeante ou « bourgeoisie ». Cette vision de guerre civile derrière des images lissées est pour le moins sommaire et très discutable. Toutefois, certaines observations sont justes : bien des électeurs de François Fillon ont basculé dès avant le premier tour en faveur d’Emmanuel Macron, estimé, à tort ou raison, meilleur défenseur de leurs intérêts économiques et en passe de l’emporter.
L’Insoumis, un film passionnant et immersif
L’Insoumis a été accusé d’être une œuvre hagiographique, montée par un sympathisant. Ce n’est pas complètement faux, même s’il nous semble toutefois que ce n’est pas exactement le cas. Il suffit de ne pas être dupe du fait que même Mélenchon peut se montrer très aimable envers ses proches ou ses partisans ; il apprécie aussi le comté et le vin rouge, ce qui pourrait le rendre superficiellement sympathique…Mais son discours révolutionnaire constant, non dissimulé ni atténué, interdit d’oublier qui il est vraiment. Au minimum, ses augmentations massives d’impôts et ses confiscations d’entreprises auraient conduit la France à une crise économique majeure et à son expulsion de l’Euro, en supposant qu’il aurait vraiment appliqué son programme. Et sa violence verbale fait craindre bien davantage, surtout si l’on songe à ses modèles, Robespierre, Lénine, Mao Zedong, même s’il s’est défendu d’avoir lancé durant sa campagne aucun appel au meurtre, ce qui est vrai.*
Pour les spectateurs intéressés par la vie politique française, L’Insoumis s’avère passionnant. De cette campagne de Mélenchon de 2017, avec ses meetings-fleuves rassemblant des foules et les réunions stratégiques de son équipe, rien d’essentiel ne manque dans ce film immersif, qui a fait le choix d’éviter tout commentaire explicite. Mélenchon a vraiment cru en son destin présidentiel. Heureusement pour la France, il n’en a rien été.