GPA: qui veut s’acheter un bébé? De 110 à 140 000 euros…

 

À Bruxelles, les 29 et 30 janvier derniers, l’agence Baby Bloom avait prévu d’accueillir en consultation privée les couples homosexuels désireux de recevoir un enfant. Les Français n’étaient pas en reste puisque la date du 31 janvier leur était réservée pour les rencontres à Paris. Le service proposé ? « Une approche révolutionnaire de la maternité de substitution, le procédé 100% garanti. Il vous donne la certitude d’atteindre votre objectif (recevoir un bébé) quelques soient les circonstances. » Si vous êtes prêt à débourser entre 110.000 et 140.000 euros vous aurez droit au traitement de la plus haute qualité et à un beau bébé. Vous pourrez sélectionner des critères précis tels que l’intelligence, le physique et la personnalité car l’agence à une équipe d’expert qui s’occupera d’analyser les rapports génétiques et médicaux des donneurs (curriculum vitae et habitudes alimentaires compris). On vous donnera la chambre voisine de celle de la mère pour l’accompagner durant l’accouchement, un appartement où vous pourrez rester avant et après la naissance et toute la procédure légale sera prise en charge. Dites, il va falloir nous y mettre les hétéros, parce que pour ma part, j’ai une carrière à assurer et un corps de rêve à maintenir. Alors si je pouvais avoir un bébé sans m’encombrer des kilos en trop, des nausées, des vergetures, de la rétention d’eau, des hémorroïdes, de l’épuisement, du congé maternité, des cheveux qui tombent et du baby blues, je suis preneuse ! Ah, la seule mission de ce genre d’agence est de créer des Familles Gays autour du globe ? Dommage.

Une offre en toute discrétion

Malgré l’absence de loi concernant la gestation pour autrui (GPA) en Belgique, permettant ainsi sa pratique sur le territoire, seuls quatre établissements mettent à disposition cette option de parentalité alternative : les hôpitaux universitaires de Gand et d’Anvers, le Centre Hospitalier Régional de la Citadelle de Liège, ainsi que l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles. Le recours à cette méthode ce fait suivant un protocole strict, élaboré indépendamment par chacun de ces établissements, certes, mais qui se vaut à peu de choses près. L’acte ne peut avoir aucun caractère commercial par exemple et doit être justifié par des cas médicaux spécifiques. De son côté, la loi française actuelle interdit fermement le recours aux mères porteuses.

On comprend aisément pourquoi Baby Bloom a joué la carte de la discrétion pour inviter ses potentiels clients. Pas de publicité ostentatoire, pas d’affiches placardées sur les murs, ni de spot radios. L’évènement est annoncé 10 jours à l’avance sur une page Facebook (fermée depuis) et pour prendre rendez-vous, il faut contacter l’organisation par message privé. Même l’endroit des rencontres n’est pas dévoilé. En dépits de ces précautions, l’information n’a pas échappé à l’Action pour la Famille qui a programmé sans attendre une manifestation contre l’entreprise. Baby Bloom a annulé sa venue, déception (pour les intéressés bien sur).

À force de pousser on accouche !

Que ce soit en Belgique ou en France, bravant la législation, les marchands de bébés n’en sont pas à leur premier essai. En 2013, suite aux protestations à leur encontre, le Fertility Centers of Illinois et le Parent IVF Laboratory avaient dû renoncer à leur réunion d’information et aux consultations individuelles gratuites, prévues à l’Hôtel Lutetia à Paris. Le 3 mai 2015, se tenait juste à côté du palais royal belge, une journée de conférence donnée par l’association Men Having Babies, qui sera d’ailleurs de retour le 6 et 7 mai prochain. Auront-ils plus de chance que leurs confrères de Baby Bloom ?

Lorsque la Cour européenne des droits de l’homme condamne la France, le 26 juin 2013, pour son refus d’inscrire à l’état civil les enfants nés à l’étranger de mère porteuse, le gouvernement encaisse sans réagir, ne défendant même pas sa propre loi face aux fraudes qui se multiplient. Deux plus tard, la Cours de cassation valide ce type de transcription. Plus d’obstacle donc pour tous ceux qui passeront la frontière afin d’organiser l’arrivée d’un bambin en échange de quelques billets. À force de pousser, le législateur finira bien par accoucher d’une belle loi légalisant la GPA.

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