Baronne Blixen de Dominique de Saint-Pern

 

Entre Danemark et Afrique, l’enquête a été aussi longue que passionnante. Cela en valait la peine. À travers son roman Baronne Blixen, la journaliste Dominique de Saint-Pern ressuscite l’aventurière la plus flamboyante du XXe siècle qu’était Karen Blixen. Voici quinze choses à se rappeler ou à apprendre sur cette femme exceptionnelle :

– Isak Dinesen est le nom de plume choisi par Karen Blixen, férue de la kabbale. En hébreu, il signifie “celui qui rit”.

– Son premier ouvrage sous forme de conte est publié en 1907 sous le titre Les Reclus. D’autres suivront, comme Les Sept Contes gothiques, en 1934, qui connaîtra un succès confidentiel. La Ferme africaine, publié trois ans plus tard, la fera définitivement entrer dans la légende.

– Karen Blixen, pourtant nommée deux fois, n’a jamais reçu le prix Nobel de littérature tant espéré. Piètre consolation, Hemingway, qui se voit, lui, couronné en 1954, aurait déclaré qu'”elle le méritait plus que” lui.

– C’est Meryl Streep, dans les bras de Robert Redford, qui a sublimé la Danoise dans le film Out of Africa, tiré de ses souvenirs africains. Elle qui en toutes circonstances ne rechignait pas à s’attribuer le beau rôle aurait adoré se montrer en 1986, sous les sunlights hollywoodiens, à la première du film.

– L’actrice américaine s’est battue comme une lionne pour décrocher le rôle. Sydney Pollack imaginait une actrice plus sexy pour incarner cette “aguicheuse” de Blixen.

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– Sa maigreur effrayante et son visage outrageusement fardé exerçaient un pouvoir magnétique sur les hommes. Certains ne s’en sont jamais relevés.

– Désespérée par l’indifférence de son cousin Hans von Blixen-Finecke, dont elle est folle amoureuse, elle épouse finalement son frère jumeau, le 14 janvier 1914, le baron Bror von Blixen-Finecke. Volage, il lui transmettra la syphilis.

– La gestion calamiteuse de la Karen Coffee Co (sa plantation de café) au Kenya et ses infidélités viennent à bout de leur mariage en 1925. Le couple restera proche.

– Farah, son fidèle domestique, a été celui qui l’a protégée tout au long de sa vie africaine.

– Blixen vit sa plus grande histoire d’amour avec Denys Finch Hatton. Aventurier, guide de safari, charismatique et érudit, il l’encourage à écrire. Il finit par la quitter pour l’aviatrice Beryl Markham. Il s’écrase à bord de son avion personnel en mai 1931. Dévastée par la disparition de son amant adoré et ruinée par la faillite de sa ferme, elle quitte l’Afrique pour le bord de la mer du Nord.

– Ils sont nombreux à avoir succombé au charme de la baronne Blixen : Truman Capote, Gloria Vanderbilt et Sidney Lumet, Marilyn Monroe et Carson McCullers à New York en 1959, mais aussi Cecil Beaton ou Richard Avedon.

– Plus inédite, cette amitié particulière vécue avec un jeune poète danois, Thorkild Bjornvig, de trente ans son cadet. Une histoire terrifiante, humiliante parfois, pour le jeune homme dont Karen avait fait sa chose. Cette histoire est racontée par Bjornvig dans Le Pacte, inédit en France douze ans après le décès de Blixen.

– Elle engage Clara Svendsen comme secrétaire après la Seconde Guerre mondiale. La femme deviendra peu à peu sa dame de compagnie, avant de se muer année après année en esclave consentante. Elle assistera sa patronne jusqu’à son dernier souffle, ce qui fera d’elle son exécutrice testamentaire littéraire. Il lui faudra deux décennies pour qu’enfin, à soixante-dix ans, elle parvienne à se libérer de l’emprise de la baronne. Dès lors, Clara Svendsen abandonne son patronyme pour celui de Clara Selborn.

– Le 7 septembre 1962, la baronne Karen Blixen s’éteint, à soixante-dix-sept ans, à Rungstedlund. La veille, elle a écouté l’aria de Haendel que lui chantait Denys Finch Hatton, “Where’er You Walk”.

– Les archives et les correspondances de la femme de lettres sont regroupées à Rungsted, dans sa demeure natale (où elle repose depuis 1962 dans son parc), et également au Kenya dans la maison où elle vécut jusqu’en 1962 “au pied des monts Ngong”, près de Nairobi.

“Baronne Blixen”, de Dominique de Saint-Pern (éd. Stock)

 

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