La canette de Coca et le gobelet de café n’ont qu’à bien se tenir. La poubelle Canibal va leur faire la peau et vous faire gagner des cadeaux. On connaissait la machine à sous. Voici la poubelle à sous. Canibal ne fait pas qu’avaler goulûment canettes, gobelets à café et bouteilles plastique, elle recrache des cadeaux. De façon aléatoire, elle distribue des bons d’achats ou de réduction sur des sites d’e-commerce, et offre même la possibilité de reverser son gain à une association humanitaire. « L’ADN de Canibal, c’est inciter à la collecte des déchets nomades grâce à un dispositif ludique et pédagogique », décrypte Stéphane Marrapodi, l’un des associés de la société Canibal (1). Ce jackpot récompensant un éco-geste a des effets non négligeables : il multiplie par deux la quantité des déchets récoltés et recyclés, selon une étude de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
Digestion de la bête
Canibal n’est pas un inconnu pour les universités françaises : 150 exemplaires sont déjà en service. Mais le collecteur a subit un lifting 2.0. Deux cent mille euros ont été investis en recherche et développement, grâce au soutien financier de l’Aide à l’innovation responsable mise en place par la région Ile-de-France et l’accompagnement du Centre Francilien de l’innovation. Canibal a entièrement été repensé technologiquement par les ingénieurs des Arts et métiers Paris Tech. Désormais, la machine reconnaît instantanément le déchet qui lui est soumis grâce à sa forme et son code-barres. Puis, elle le dirige vers le bon bac de réception qui se redimensionne automatiquement en fonction de ce qu’on lui donne à « manger ». Et elle lui fait subir un compactage sévère afin de pouvoir engloutir – au maximum – 6 000 unités de déchets. Le système GPRS intégré permet de savoir à tout moment, dans quel état de digestion est la bête. « Avec cette traçabilité, on espère, à terme, proposer aux entreprises et universités qui accueillent Canibal d’intégrer ces résultats dans leur bilan carbone. Grâce à cette poubelle, ils pourraient bénéficier de crédits carbone », détaille Stéphane Marrapodi.
Mini-centre de recyclage
Car l’Ademe a passé l’engin à la loupe CO2. Conçu en matériaux recyclables à 99%, Canibal amortit l’impact environnemental de sa fabrication et de son utilisation (dix ans de durée de vie) dès sa première année grâce au recyclage des emballages qu’il collecte. Finalement, c’est un mini-centre de recyclage en puissance puisqu’en France, les déchets de moins de 20 g ne sont aujourd’hui pas retraités. En livrant ses déchets compactés directement à des revalorisateurs en région, le réseau de Canibal veut réduire au maximum les émissions de CO2 dues à la logistique et au transport. Et le prix de location de cette petite merveille technologique ? Comptez 279 euros par mois, installation, maintenance et récupération des déchets comprises. Reste à essaimer sur tout le territoire.