Pour l’instant, c’est au hasard des lieux qui veulent bien accueillir animateurs et invités que se déroule l’enregistrement des émissions de Méridien Zéro : en effet, dans la nuit du jeudi 27 au vendredi 28 février 2014, les locaux de la radio, situés en région parisienne, ont été incendiés, tandis qu’une partie du matériel a été volée.
— Pierre, vous êtes un des animateurs de Méridien Zéro. Quel est l’historique de votre radio ?
— Méridien Zéro a été lancée en 2010, au moment de la création du Mouvement d’action social (MAS), comme l’un de ses modules, avec Solidarité populaire (association d’entraide sociale) et Trace (sport et randonnées). Nous ne souhaitions pas quelque chose de trop rigide, de type léniniste, hiérarchisé, discipliné. Nous voulions une organisation plus souple, plus adaptée à l’époque et à la façon dont les jeunes militent aujourd’hui. En tant que cible éventuelle pour le pouvoir, nous ne voulons pas « mettre tous nos œufs dans le même panier »…
La radio n’est pas née du constat qu’il n’y avait rien d’autre : Radio Courtoisie existe, mais quand Méridien Zéro a été créée, Radio Courtoisie n’avait pas encore fait le saut dans le numérique. Or, de par la façon dont aujourd’hui la jeuen génération s’informe et utilise internet, il nous semblait nécessaire d’utiliser le numérique. Nous avons des créneaux fixes mais, surtout, il est possible de charger les fichiers à volonté. Cela permet de pouvoir entendre toutes les émissions passées.
Méridien Zéro a son propre ton. La ligne politique des animateurs reste celle du MAS : une approche nationale de la dimension européenne. La question sociale est essentielle pour nous, elle ne subit pas de « variable d’ajustement ». Nous nous plaçons résolument dans un courant anti-libéral.
— Pourquoi ce nom ?
— Il s’agit d’une expression employée par Ernst Junger dans une correspondance avec Heidegger. Junger fait allusion au « franchissement de la ligne » qu’il appelle « méridien zéro », le zéro indiquant le néant vide. Heidegger souscrit à la justesse du constat de Jünger qui dit notamment que « il faut demeurer debout dans le tourbillon du nihilisme ».
— Qui recevez-vous ? Pouvez-vous nous citer quelques-uns de vos derniers invités ?
— Nous en sommes à la 216e émission, au rythme d’une par semaine, sauf au mois d’août. Nous avons reçu des militants comme Jean-Marie Le Pen, des auteurs comme Rémi Soulié sur Péguy ou Olivier François sur Orwell. Alain de Benoist, Bernard Lugan, Roland Dumas, Philippe Vilgier sont venus parler au micro de notre radio. Nous n’avons pas d’interdit en termes d’invités : nous laissons parler tous ceux qui acceptent de venir. Savez-vous que Zemmour lui-même a demandé de venir ? C’est son attaché de presse qui a fait barrage finalement.
— Eric Zemmour connaît donc Méridien Zéro ?
— Eh oui, manifestement ! Nous n’aimons pas trop le ton défaitiste et pessimiste du Suicide français, mais nous étions prêts à lui poser des questions. Nos auditeurs sont suffisamment grands, ils sont « majeurs et vaccinés », ils peuvent eux-mêmes faire le tri.
— Comment peut-on vous entendre ?
— Nous sommes relayés par deux radios internet : radio Kebeca liberata, une radio montée en Italie par Casapound, et Kebeca Liberata, au Quebec. Pour le reste, les émissions peuvent être téléchargées sous podcast, sur le site de Méridien Zéro.
— Gratuitement ?
— Oui, bien sûr.
— Quelle est votre audience ?
— Elle est très variable selon les invités. On connaît le nombre de connexions pour notre site, elles sont de 4 000 à 15 000 selon l’invité. En moyenne, nous avons 5 000 connexions par émission.
Ce qui est intéressant, c’est que nous avons des connexions d’un peu partout dans le monde. Là où se trouvent des Français, notamment, c’est-à-dire un peu partout, effectivement. C’est un moyen pour eux d’écouter des émissions en français – qui plus est passionnantes ! Nous avons même des auditeurs en Arabie saoudite.
Lu dans Présent