Depuis 1825, la société CBG Mignot fabrique des petits soldats de plomb collectionnés par les enfants, génération après génération. D’abord installée à Paris, elle se trouve désormais en Anjou, près de Saumur, et est ouverte au public.
La Breille-les-Pins est une petite commune d’Anjou, située entre Saumur et Bourgueil. Moins connue que ses voisines, elle abrite pourtant un lieu qui parlera à tous ceux qui ont déjà reçu ou offert des petits soldats de plomb, la fabrique de la société CBG Mignot. L’accès y est gratuit, et, l’endroit étant peu fréquenté, les visiteurs ont droit à un accueil personnel chaleureux. Si l’aspect visuel et la présentation des objets sont largement privilégiés par rapport aux longs textes explicatifs, quelques affiches retracent l’histoire de la marque et sa méthode de travail.
Fleuron de l’artisanat français
Fondée en 1825 à Paris, la société fabrique dans un premier temps divers objets (bimbeloterie, articles en métal, jouets pour enfants…) avant de se lancer dans la production de soldats de plomb en 1838. Cela devient vite la spécialité de l’entreprise qui reçoit de nombreuses récompenses, notamment lors des expositions universelles de 1878 et de 1900. Le nom de CBG, reprenant les initiales des trois fondateurs, est choisi en 1928. Devant faire face à l’évolution de la société, l’enseigne connaît une baisse de popularité mais se lance dans la vente par correspondance en 1976. Quasiment condamnée à disparaître en 1992 suite à des problèmes de gestion, CBG Mignot renaît deux ans plus tard sous l’impulsion d’Edouard Pemzec, industriel à la retraite et grand collectionneur de jouets anciens, et c’est son propre fils qui prend le relais en 2006. C’est aussi au moment de l’arrivée de la famille Pemzec en 1994 que CBG Mignot s’installe dans le saumurois.
La méthode de fabrication relève du pur artisanat français. Les figurines sont entièrement réalisées à la main, avec l’aide de moules en plomb ou en acier trempé. Chaque pièce passe entre les mains du fondeur avant d’être assemblée au fer à souder puis peinte avec de fins pinceaux en poils de martre.
Visite de la fabrique
Quelques figurines sont exposées à l’accueil mais c’est à l’étage que se trouve le gros de la collection. On arrive d’abord devant un écran diffusant différents reportages tournés sur place, puis on peut commencer à traverser l’histoire. On découvre en effet des vitrines pour chaque grande époque, de la préhistoire à la Seconde Guerre mondiale, en passant par l’antiquité, le Moyen Age, le premier Empire, etc.
Les grands rois et autres héros de l’histoire de France sont bien sûr à l’honneur, notamment saint Louis et Jeanne d’Arc dont la vie est retracée dans un ensemble de saynètes aussi somptueuses que détaillées. Certaines vitrines sont complétées par d’autres objets, généralement des couvre-chefs militaires, notamment celle dédiée aux Mousquetaires. L’épopée de Napoléon Bonaparte est certainement la plus fournie en figurines mais aussi en dioramas majestueux, comme celui de son cortège funéraire.
Nous ne sommes pas en Vendée mais l’héritage des Chouans est très fort dans la région, les figurines des grands noms de la chouannerie sont même les seules à disposer de fiches historiques détaillées.
On peut passer de longues minutes devant chaque vitrine, et, après un détour en Amérique avec la conquête de l’Ouest et la guerre de Sécession, on revient en France pour suivre le sort des Poilus mais également des scènes religieuses avec des processions, un autel et une sortie de messe. Un peu plus loin, un camp scout et la scène de la Nativité rappellent les racines chrétiennes de notre pays.
Comme vous l’aurez compris, les « petits soldats de plomb » ne sont pas uniquement des petits soldats ! La vie quotidienne du XXe siècle a, elle aussi, droit à ses personnages et ses véhicules en plomb, tout comme les sportifs et le monde du cirque.
Preuve du bon esprit des gérants, la visite ne se finit pas dans un immense magasin « piège à touristes » avec des prix élevés, mais dans une petite boutique où chaque modèle est à prix réduit et d’où l’on peut voir l’atelier de peinture des figurines. Attention, si vous prévoyez de vous rendre sur place et d’admirer l’artiste au travail, il faudra vous y rendre le lundi ou le vendredi !
Si cette fabrique n’est pas un musée, elle s’en rapproche par bien des aspects et fait office de cours d’histoire ludique qui ne laissera personne indifférent. Osons la comparaison, c’est, en quelque sorte, un vrai Puy du Fou miniature !
Visuel de Une
La France aux cent drapeaux.
NB La vidéo présentée est en trois parties. Il vous suffit de poursuivre leur visionnage directement sur Youtube.