Investissons dans de bons manuels scolaires

Il y aurait un livre entier à écrire sur la tragédie éducative que subissent les peuples européens, nous n’épuiserons donc pas le sujet en quelques phrases. D’ailleurs, les publications se font chaque mois plus nombreuses sur le sujet. Concentrons-nous sur la qualité désastreuse des manuels, qui semblent de plus en plus être conçus par des enfants adultérins de Jacques Derrida et Cyril Hanouna, interactivité et « co-construction » des savoirs obligent, quand ils n’ont pas encore été remplacés par des « tablettes » sponsorisées par les abrutisseurs de masse que sont les géants du numérique. Le manuel est un pion central du dispositif de sabotage intellectuel qui s’exerce sur nos enfants. Les professeurs les plus convaincus s’y réfèrent comme à une Bible, les plus sceptiques s’y rattachent comme à une ligne de vie, eux qui craignent de plus en plus la chute à force de longer les précipices vertigineux du delirium ideologicus.

Alors, que faire ? se demanderait Vladimir Oulianov en se grattant le crâne. Tout d’abord, soutenir l’édition de bons manuels ? Lapalissade ? Voire… Car c’est un travail titanesque que de prendre le contre-pied des manuels poubelles tout en préparant les élèves au contenu académique qui sera exigé d’eux à l’examen. En ce domaine, la Librairie des Ecoles est pionnière et la qualité de ses travaux a été très tôt reconnue par la Fondation pour l’Ecole, navire amiral de la reconquête scolaire. Mais, en complément de ces manuels contemporains, il existe des trésors innombrables sur les rayons des bouquinistes et des brocantes. Les Malet-Isaac en histoire ; le si poétique Orieux-Evaraere et ses leçons de choses, qui ont fait beaucoup plus pour l’écologie réelle que les hurlements de Cécile Duflot ; les livres de lecture aux titres bucoliques : Pigeon vole, Le Bouquet doré, Dans la ronde des métiers et des jours ou encore La Journée des Tout-Petits de la célébrissime méthode Boscher.

Les ouvrages de sciences appliquées apprenaient à l’élève la vie des animaux de la ferme et la variété des terroirs viticoles. L’élève y appliquait ses connaissances géométriques à l’élaboration d’un meuble, il y puisait les rudiments de mécanique ou d’électricité qui feraient de lui un homme accompli.

Mais foin de nostalgie. Ces manuels sont à portée de main et doivent aider les parents – premiers éducateurs, comme nous aimons à le rappeler au vil clergé de Marianne – à reprendre et à parfaire ce qui aura été reçu à l’école. Quel contraste… Ces manuels sont à l’image des pédagogies d’antan : simple quand tout est devenu complexe ; clairs et concrets quand les choses sont volontairement rendues nébuleuses ; affirmatifs et péremptoires sous le règne actuel du relativisme. Il serait bien sot de se priver d’un tel trésor.

 

  • Dans l’esprit des meilleures rééditions récentes, la Petite Histoire de France de Jacques Bainville, vient de faire l’objet d’une nouvelle édition revue et corrigée, chez Diffusia. Un travail soigné à offrir aux bons – et moins bons – élèves, à partir de 7 ans.

Pierre Saint-Servant -Présent

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