Les coulisses de l’exposition sur Angkor au musée Guimet…

Par Isabel Orpy

Merveilleuses rencontres que celles d’Angkor, naissance d’un mythe, Louis Delaporte et le Cambodge…

Louis Delaporte, est le héraut des merveilles d’Angkor. Pour présenter ce site magique, le musée Guimet a eu la judicieuse idée de commencer par le moment de sa découverte par l’Occident, au milieu du XIXème siècle. Et de centrer l’exposition sur cet explorateur admirable, qui ne commit aucun pillage, aucune dégradation, paya de sa bourse et de sa personne pour valoriser ce qui est considéré, aujourd’hui, comme l’un des plus fabuleux patrimoines de l’humanité.

Louis Delaporte est né en 1842 et décédé en1925. Ce marin, qui fit ses classes sur le même navire-école que Pierre Loti, n’avait qu’une obsession faire entrer l’art khmer au musée, obsession née en1865, lors d’un premier passage au pied de ces temples extraordinaires, abandonnés depuis le XVIe siècle. Insatiable, Delaporte n’hésite pas à détourner les objectifs officiels de sa mission,  la reconnaissance du cours du Mékong, établir une route commerciale avec la Chine du Sud, pour étudier Angkor.

Remarquable dessinateur et aquarelliste, dans la jungle et les marais, par canicule ou mousson, il couvrit ses cahiers de croquis précis et remplit ses cartons de feuilles. Dès 1866, il se fit accompagner d’un photographe. Sept ans plus tard, dans des conditions dantesques, il supervisait les moulages de hauts-reliefs.

Dans ses études et collectes, il était appuyé par le roi du Siam, lequel souhaitait promouvoir sa culture dans le monde. Cependant, à l’époque, l’explorateur ne comprit pas le sens de ces scènes de dieux barattant un océan de lait ou de ces apsaras, dansant à demi-nues qui feront l’admiration de Rodin. Il savait  seulement qu’il avait découvert «une autre forme du beau ».

Hélas, au retour de cette  expédition, le Louvre refusa sa collection. Pour trop de sauvagerie. Delaporte ne se découragea pas, publia nombre de livres d’architecture et d’articles illustrés. Finalement, ce fut le grand public qui se passionna le ­premier. Lors de l’Exposition universelle de 1878, la présentation de la «chaussée des géants», monumentale balustrade, fut un succès : l’art khmer acquit alors le label d’art majeur et s’installa ainsi au palais du Trocadéro.

Entre-temps, Louis Delaporte repartit à Angkor, encore et toujours… En 1889, retraité, il accepta, à titre gratuit, le poste de conservateur des collections khmère.

A découvrir !

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