Vicomte Arthur : La marque qui fait polémique

« J’hésite à vous donner le catalogue de cette année pour votre fils car il contient des images qui pourraient le choquer », déclare, peu avant Noël, dans un magasin de province, une vendeuse de la marque Vicomte Arthur à une mère de famille. La raison ? Une série de clichés osés illustrant le catalogue automne-hiver 2012. La marque, dont le slogan est « l’instinct chic », a choisi de donner un côté un peu décalé à son image. Conséquence, un certain nombre de familles dites “bon chic bon genre” rechignent de plus en plus à acheter une marque qui, il y a peu, faisait un carton dans ce milieu.

Il est vrai qu’Arthur de Soultrait, fondateur de la marque, avait concrétisé une idée innovante. Mêlant les couleurs vives des casaques de jockey aux vêtements type « sportswear », accolant un titre de noblesse à sa marque, le jeune fondateur de l’entreprise a su donner à sa ligne de vêtements un côté à la fois chic et décalé qui n’a pas manqué de séduire une clientèle très BCBG. L’image de marque s’est alors imposée sans encombre, jusqu’à récemment.

Premier accro en 2010. Le catalogue proposé alors par la marque n’a pas manqué de choquer certains clients, désabusés par les photographies suggestives qu’il contenait. En cause notamment, une photographie montrant deux femmes portant un polo de la marque en train de s’embrasser sur la bouche. Une promotion du lesbianisme qui n’a visiblement pas du tout été du goût de certains clients de la marque. Certains ont même été jusqu’à monter un groupe Facebook intitulé « Pour que le Vicomte Arthur arrête de faire la promotion de l’homosexualité ». Ce groupe a depuis été supprimé par le réseau social.

En 2012, la marque a choisi de continuer sur sa lancée en réalisant, à nouveau, un catalogue automne-hiver mêlant le chic, le décalé et le… franchement vulgaire. Une photographie montre un homme et une femme en plein ébat sexuel, une autre met en avant deux femmes dénudées que l’on voit de dos se tenant devant un homme assis dans un fauteuil. Une troisième illustre une partie de chasse très « chic » dans laquelle le gibier semble être une jeune femme vêtue d’un bikini et d’un bandeau aux oreilles en peau de lapin, clin d’œil à peine voilé au logo du magazine érotique Playboy

Familles de France réagit

Ce qui est certain, c’est que Vicomte Arthur va loin, trop loin pour beaucoup. Ce nouveau catalogue promotionnel a fait bondir de nombreuses personnes relativement influentes à l’endroit de la clientèle de la marque.

En premier lieu, c’est Thierry Vidor, Directeur général de l’association Familles de France, qui a réagi. Le dirigeant de l’une des plus importantes associations familiales françaises qui revendique 80 000 familles adhérentes représentant un total de près de 450 000 personnes, a déclaré aux Nouvelles de France : “Ce catalogue est choquant dans la mesure où il s’adresse également à un public jeune (de nombreux adolescents sont séduits par cette marque, ndlr), fragile et influençable. Or cette marque allie à la fois une idée aristocratique ancienne tout en travestissant les valeurs qu’elle devrait porter. Les photographies de ce catalogue “chosifient” la gente féminine. La femme y est représentée soit comme un objet, soit comme une fille facile, dénudée, légère, qui se dévoile sans pudeur. On y voit un homme qui, visiblement, “dispose” de plusieurs filles ou encore une femme véritablement “chassée” par des hommes, habillée d’un simple bikini avec des oreilles de lapin, l’emblème du magazine Playboy. Clairement, ce genre de photographies marque les esprits, notamment les représentations que peuvent se faire les adolescents.”

“Je n’exclus pas d’envoyer un courrier aux 80 000 familles adhérentes, si la marque continue sur cette voie dangereuse”.

Sur les photographies du catalogue 2010 montrant deux filles en train de s’embrasser sur la bouche, Thierry Vidor n’est pas en reste : “Il s’agit clairement d’une promotion de l’homosexualité féminine, cela montre que propriétaires de la marque s’imaginent qu’il n’y a plus de limites”.

“Ce sont des jeunes qui ont dérapé”, affirme le dirigeant, avant d’ajouter qu’il “n’exclut pas d’envoyer un courrier” afin d’informer ses “80 000 familles adhérentes, si la marque continue sur cette voie dangereuse”.

Le XVIe arrondissement choqué

Dans le très cossu XVIe arrondissement de la capitale, on n’est pas moins choqué par ce type de provocations. À Passy, où les jeunes sont très friands des polos Vicomte Arthur, c’est le curé qui s’offusque. En feuilletant le catalogue, le Père Jean-Pascal Duloisy s’exclame : “C’est la déformation de la femme. Elle y est représentée comme un objet, un sujet de chasse et de poursuite. La femme est un gibier sur ces photographies”. Et de poursuivre : “Dans une autre photographie, on remarque un homme entouré de deux femmes, lui habillé, elles non. La femme y est vraiment représentée comme une esclave, un trophée de chasse en quelque sorte. Dans une autre, on constate qu’un homme et une femme sont en position très explicite alors qu’une troisième femme semble revenir. Il y a  clairement une référence à une notion d’adultère et une volonté d’attirer les gens, par le sexe d’une part, et par le franchissement des interdits d’autre part.  Ce catalogue propose en filigrane sexe, orgie et adultère”. Pour ce prêtre influent du XVIe arrondissement, “la qualité supposée du vêtement ne va pas avec la vulgarité proposée pour les acheter” et “l’élégance au service de la débauche ne va pas avec le luxe”.

Soucieux de la réputation de ses paroissiens (la territoire de la paroisse comporte 27 000 habitants), le curé estime qu’il existe “un préjudice pour ceux qui vont porter ce vêtements” et que la seule problématique qui nourrit ce catalogue est de savoir “comment habiller un échangiste“. “Je ne laisserai jamais une telle revue sur des présentoirs et je la déconseillerai aux coiffeurs”, conclut le prêtre qui trouve cela “dommage” mais qui “ne veut pas que les gens du XVIe arrondissement deviennent comme cela ou puissent être assimilés à cela”.

Le partenariat Vicomte A/Vendée Globe remis en cause ?

Vicomte A. a été choisi par la SAEM Vendée, comme habilleur officiel de l’édition 2012-2013 du Vendée Globe. À ce titre, la marque équipe les 250 membres de l’organisation de la course. Un partenariat qui, au vu de l’image véhiculée par la marque, est de plus en plus décrié.

Ainsi, Marietta Trichet, conseiller général de Vendée, s’interroge : “Moi, je ne connaissais pas cette marque et ça me refroidit vraiment car tout ce qui dégrade l’image de la femme me choque. Je trouve cela scandaleux. On vit dans une société où l’on s’imagine que tout doit être permis alors qu’il y a certainement d’autres pistes à aborder pour faire sa publicité. Récemment, une femme en Inde a été violée par 6 hommes. C’est ce genre de publicité qui peut inciter à des comportements gravissimes. Il y a vraiment un Everest entre l’image du Vendée Globe qui montre des hommes courageux et ce type de publicité dégradante”. Bien décidée à ne pas en rester là, l’élu du département affirme : “Je vais en parler avec mes collègues conseillers généraux et interroger le Conseil général. Je compte bien lui demander quelle est la pertinence d’un tel partenariat avec cette société”.

Bruno Retailleau : “Ce genre de publicité qui ne correspond ni à l’identité du Vendée Globe, ni à la dignité des femmes.”

Un avis partagé par le président du Conseil général Bruno Retailleau. En découvrant ce catalogue, ce dernier, qui est loin de goûter la sensibilité provocatrice de la marque, a déclaré aux Nouvelles de France qu’il « ne cautionne absolument pas ce genre de publicité qui ne correspond ni à l’identité du Vendée Globe, ni à la dignité des femmes ». Un pavé jeté dans la mare de Vicomte Arthur puisque c’est également Bruno Retailleau qui préside la SAEM Vendée, société organisatrice du Vendée Globe avec laquelle la marque a négocié son partenariat. De là à remettre en cause un statut d’habilleur officiel qui serait susceptible de nuire à l’image de la course, il n’y a qu’un pas, d’autant plus que les demandes d’explications des associations, des élus et des citoyens se font de plus en plus pressantes.

Contactée par nos soins, la marque Vicomte Arthur nous a déclaré que nos lecteurs pouvaient les appeler pour obtenir davantage d’explications. Nous vous invitons donc à contacter la société par téléphone au 01 30 17 30 27 ou par courriel à [email protected].

Elle nous a par ailleurs déclaré avoir déjà reçu quelques plaintes à ce sujet et qu’elle en avait tenu compte.

La SAEM Vendée qui organise la course et dont il faut noter la rapide réaction de son président Bruno Retailleau, est quant à elle joignable par téléphone au 02 51 44 91 07 ou par courriel.

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89 Comments

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  • Pierre , 5 janvier 2013 @ 18 h 46 min

    Vous visez juste. Si on s’offusque de ces photos, au préalable il faut s’assurer de la tenue de ses enfants, en soirées, dans la vie de tous les jours ou à l’église. L’impureté arrive par là…
    Non je ne suis pas mormon, ni coincé.

  • kibette , 5 janvier 2013 @ 18 h 57 min

    Dommage…

    Arthur n’a de vicomte que le nom. Je conçois qu être à ce niveau de réussite à son âge ne doit pas être évident à gérer et encore… ce n est pas Lacoste non plus.

    Plus que les publicités, c est l inadéquation avec le discours qui accompagne la marque qui me choque : éleveur de chevaux, aristocratie, château, famille tradition, art de vivre à la française, etc. en face des journalistes ou sur le papier…

    “Insolence” est un mot que vous utilisez souvent, M. de Soultrait, pour illustrer votre marque et ses couleurs. Je pense que votre jeune âge, votre immaturité (voir les photos de votre anniversaire – “le roi est mort, vive le vicomte” rien que çà – avec ses nains et ses travestis) ainsi que ceux de votre petit dauphin (Marcy, frère) vous font défauts. Il est souvent plus facile de parader et de tomber dans la vulgarité que de savoir intelligemment gérer son image et sa communication.

    La réaction du Vendée Globe (qui véhicule quant à lui, un réel art de vivre…) vous plonge dans la vraie réalité du monde professionnel, où l on ne fait pas n importe quoi parce que c est “fun” et “drôle”. Je pense, M. de Soultrait, que vous avez encore bcp, bcp à apprendre…

    Dommage, vraiment dommage….

  • Ralph , 5 janvier 2013 @ 19 h 03 min

    J’avais acheté il y a quelques années des polos VA, qui ont bien durés, et que je trouvais très esthétiques : de jolies couleurs, une belle taille, un prix moins élevé que Ralph Lauren et le petit plaisir d’acheter “français”.
    Bon, maintenant, forcément, on peut difficilement trouver sympathique cette marque qui cherche à vendre avec une fausse provoc’. Pour autant, faut-il tomber dans une pudibonderie déplacée ?
    Y a t’il vraiment une image dévalorisante de la femme ? Je ne vois par exemple pas d’apologie du viol sur la scène de la jeune femme en bikini….
    C’est la vie…. Les femmes séduisent les hommes qui veulent séduire les femmes qui veulent séduire… et ainsi de suite. Sur la deuxième photo, je ne vois qu’un homme qui embrasse une femme… certes, ils ne sont peut-être pas mariés….
    La troisième est peut-être plus gênante, c’est vrai…
    Mais bon, il faut savoir garder ce petit côté “gaulois”, un peu coquin, et surtout, arrêter de regarder en permanence la séduction et l’amour avec le prisme inquisiteur de l’égalité homme-femme. Il n’y a rien de plus grotesque que le propos de cette dame, conseiller général, qui fait un lien entre ces publicités et le viol de l’étudiante à Dehli…
    Le Don Juan de Molière est peut-être injuste avec les femmes, mais je n’ai pas le souvenir qu’il ait commis un viol….

  • beij , 5 janvier 2013 @ 22 h 43 min

    S’il est un “vrai”, ce petit snob, un “vrai” n’est alors pas bien français. Il m’a toujours semblé que l’esprit de galanterie, très français en Europe, voulait que le plus grand des rois s’efface devant la moindre servante, fût-elle vieille et bossue (et aussi pour cela) : “Honneur aux dames, madame”. Car toute femme, pour un homme qui respecte son sexe, est une dame, au moins potentiellement… certes, cela est difficile devant une poissonnière, mais, “noblesse oblige”, celui qui la voit pour son sexe, “le sexe”, comme on disait autrefois (sans les déformations ignobles auxquelles prêtent désormais ce mot), celui-là est vraiment noble. Ou vraiment homme.
    Pour info, je n’ai qu’une petite trentaine d’années, ni honteuse ni (trop) fière d’être fille et petite-fille de manouvriers…

  • wandrille , 5 janvier 2013 @ 23 h 21 min

    petite explication sur la qualité nobiliaire et le titre d Arthur.

    Les Soultrait, Richard de Soultrait, sont d authentique noblesse et sont en France comme 90% pourcents d entre nous, ecuyers (je parle évidemment des hommes)

    s agitant du titre il s agit il est vrai d un usage mondain et discutable d un titre de courtoisie. Arthur appartient à une branche cadette des comtés romains et de Soultrait par bref du Bienheureux Pape Pie IX. les titres pontificaux ne sont pas reconnus par l anf et encore l usage pour une branche puinée d un titre de courtoisie .

    pour ce qui s agit des pubs cela est contraire en tous points à l éducation et à nos valeurs séculaires.

  • wandrille , 5 janvier 2013 @ 23 h 22 min

    Comtes et non comtés

  • albert2 , 5 janvier 2013 @ 23 h 33 min

    Comme vous l’écrivez si bien, ma chère beij, “certes, cela est difficile devant une poissonnière”, certes… Convenons quand même, pour être objectifs (faute de quoi les socialo-pédophiles nous le reprocherons, qu’il n’a pas toujours été trop difficile à certains “vraiment” nobles et “vraiment” homme de trousser des poissonnières. Ils en gardaient au moins la pudeur discrète qui sied à homme bien né, et leur chaste épouse fermaient volontiers les prudes yeux..

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