Démocratie…
Nicolas Sarkozy nous annonce aujourd’hui à l’UMP, et pour demain dans le pays, consultations et référendums, au nom d’une exigence démocratique qui ne l’aurait jamais quitté. Ça, c’est pour le nouveau président de l’UMP, il en fut autrement pour l’ancien président de la République ! Un des premiers actes de son mandat, en 2007, fut de s’asseoir sur le « non » à la Constitution européenne des Français et des Néerlandais. Le texte que l’électeur avait mis à la porte par référendum, il s’employa à le faire adopter par la fenêtre du Parlement avec la complicité des élus socialistes. Ce n’est pas étonnant, UMP et PS ayant fait campagne en faveur du « oui », Hollande et Sarkozy figurant à la « une » de Paris Match, non pas face-à-face mais côte à côte.
De cette union socialo-sarkozyste naquit le traité de Lisbonne, entré en vigueur il y a cinq ans, le 1er décembre 2009. Personne ne s’en souvient et nul ne commémore un événement qui, à l’époque, nous disait-on, devait changer la face si ce n’est le destin de l’Europe, c’est même pour cela, assurait Sarkozy, qu’il fallait de toute urgence ne pas la laisser dans « l’impasse » où l’avait entraînée le rejet de la Constitution. Car, c’est l’antienne des européistes : si les citoyens ne sont pas satisfaits, ce n’est pas – comme ils le disent pourtant à chaque consultation – parce qu’il y a trop d’Europe mais, au contraire, pas assez. Encore un petit coup d’intégration européenne et vous verrez ça ira mieux ! Comme ces médecins de Molière n’ayant d’autres remèdes que la saignée et le clystère qui permettaient au malade de mourir guéri.
Nous devions ainsi avoir une Europe plus démocratique grâce à « un droit d’initiative populaire ». Pas un référendum direct, comme en Suisse, c’eût été trop risqué : à condition de réunir un million de signatures dans sept pays, des citoyens pouvaient demander à la Commission européenne de traiter un sujet qui leur tenait à cœur. Résultat ? La procédure n’a abouti que deux fois ! L’une a été scandaleusement rejetée en 2014 par la Commission : « Un de nous » visant à interdire la recherche sur les embryons humains. L’autre, acceptée, a suscité une consultation publique sur… l’accès à l’eau potable !
On nous l’a redit lors des dernières élections européennes : cette fois, grâce au traité de Lisbonne, les électeurs pourront choisir le président de la Commission. Il n’en est rien ! Il y est seulement dit que le président devra être désigné « en tenant compte des élections européennes ». Simple élément de décision donc, ce qui n’a rien changé : comme d’habitude, libéraux, conservateurs et socialistes s’accordent entre eux pour se coopter et se succéder à la tête de la Commission. Drôle de démocratie !
Ah ! On allait oublier ! Depuis 2005, c’en est fini de la présidence tournante du Conseil européen : nous avons un président permanent, ce qui, assurait-on, donnera un « visage » humain à l’Europe. Ce visage c’est celui d’Herman Van Rompuy. Il a régné pendant cinq ans. Il vient de partir. Personne ne s’est aperçu ni de son arrivée ni de son départ.
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