Nos élites autoproclamées, politiques, médiatiques, ne peuvent en croire leurs yeux et leurs oreilles : après Trump, Salvini, Orbán, encore un qui ne joue pas le jeu et qui va tenir ses promesses électorales. Des « élites » qui risquent fort de devoir être confrontées à des réalités électorales déplaisantes, et à un modèle de bon sens populiste inacceptable pour elles, quand Bolsonaro va mettre en œuvre son programme dans les domaines de la lutte contre le crime et la violence, de l’éducation, de l’économie, de la protection des valeurs familiales, de celle de l’intérêt national, de la politique sociale, des médias, de la justice… bref, nous arrêtons là tant le chantier est vaste après toutes ces années de gestion gauchiste et de centre droit désastreuses.
A peine élu, Jair Bolsonaro a réaffirmé qu’il libéraliserait le port d’arme au plus tôt. Autre signal fort, il a offert le ministère de la Justice au juge incorruptible et indépendant, Sergio Moro, le Eliot Ness brésilien qui a mis derrière les barreaux l’ex-président Lula, et qui a supervisé la vaste chasse au système de corruption organisée « Lava Jato » (ça change de Taubira et de Belloubet). Sergio Moro a accepté hier jeudi l’offre du nouveau président.
Bolsonaro, qui prendra ses fonctions le 1er janvier, ne perd pas son temps et 80 % des postes de ministres de son futur gouvernement auraient déjà été attribués. Un gouvernement qui devrait compter une quinzaine de ministères contre une trentaine actuellement pour raison d’économies budgétaires. Des fusions sont à prévoir, ainsi le futur ministère de l’Economie, qui sera dirigé par l’économiste Paulo Guedes, regroupera les ministères actuels des Finances, de la Planification, de l’Industrie et du Commerce extérieur ; et ceux de l’Agriculture et de l’Environnement ne formeront plus qu’un seul ministère.
L’idéologue populiste Onyx Lorenzoni, 64 ans, est pressenti comme chef de cabinet. Le général Augusto Heleno Ribeiro, qui fut commandant en chef de la mission de l’ONU à Haïti, hérite, lui, du ministère de la Défense. Le général Oswaldo Ferreira, connu pour son pragmatisme, devrait s’occuper des infrastructures et des transports. Quant au ministère des Sciences et de la Technologie, il revient à l’ancien astronaute Marcos Pontes.
Bolsonaro n’a pas manqué de faire plaisir à ses adversaires, qui ont pu crier à la censure, en annonçant qu’il allait supprimer les aides et financements gouvernementaux à la presse et aux télévisions de gauche, car il ne voyait pas pourquoi le contribuable devrait financer des producteurs de fake news.
Pendant ce temps, le nouvel élu a décidé de soigner son image, et, rejetant les accusations de fasciste, il se présente désormais comme un Churchill brésilien, dans la lignée des grands dirigeants patriotes. Quand on lui demande ce qu’il a principalement retenu de Churchill Premier ministre, il répond : « Le patriotisme, l’amour que l’on doit à sa nation, le respect pour le drapeau… le gouvernement par l’exemple, spécialement durant cette difficile période que fut la Deuxième Guerre mondiale. »