Derrière la déconfiture d’Ericsson – comme celles d’Alcatel, de Siemens et de Marconi auparavant -, il y a aussi la faillite de l’Europe. “Jamais il n’y a eu de politique industrielle pour protéger cette filière high-tech, pourtant stratégique”, estime Frédéric Pujol, spécialiste des télécoms, à l’Idate. Pis, l’Europe a fait preuve de naïveté en laissant les chinois Huawei et ZTE s’acheter des parts de marché des années durant en cassant les prix.
En 2013, une procédure antidumping avait rapidement avorté. Les Etats-Unis, eux, n’ont pas hésité : ils ont interdit Huawei et ZTE sur leur territoire en invoquant… la sécurité nationale. Car Huawei a été créé par un ex-colonel de l’Armée du peuple et ZTE appartient à l’Etat chinois… Qui, lui, protège toujours ses ouailles : selon un industriel, Pékin n’a réellement ouvert que 30% de son marché aux groupes étrangers, laissant ainsi un espace formidable à ses champions.
Tant que les États-Unis et la Chine ne jouent pas vraiment le jeu de la libre concurrence sur leur sol, l’Europe doit freiner et interdire leurs acteurs sur son territoire.