Il y a déjà des années que Mattel, l’entreprise californienne créatrice – mais ça, c’était avant – de la très blonde et bien gaulée Barbie, s’est couchée devant la dictature du politiquement correct. On a ainsi eu des versions blacks, jaunes amérindiennes, grosses (pardon : rondes), petites, etc. de la légendaire poupée.
De soumissions en soumissions, Mattel vient de passer un nouveau cap avec la création d’une « poupée inclusive ». Comprenez : sans identité sexuelle attribuée … Cette nouvelle … chose, déclinée en six modèles, a été baptisée Creatable World(« monde créable ». Soit des poupées (mais n’est-il pas déjà sexiste de dire « poupées ») modulables : cheveux courts ou cheveux longs, pantalons ou jupes, chaussures à semelles compensées ou baskets, plusieurs couleurs de peau différentes, moitié fille–moitié garçon (ou le contraire), etc.
Vice-présidente de la division Mattel Fashion Doll Design, Kim Culmone explique : « Les jouets sont le reflet de notre culture et à mesure que le monde célèbre l’impact positif (sic) de l’inclusivité, nous avons senti que le moment était venu de créer une ligne de poupées sans label. » Bref, ni chou ni rave, ni chair ni poisson, ni fille ni garçon… Bienvenue dans le meilleur des mondes…
Comme une folie (manière polie de dire les choses) ne reste jamais cantonnée outre-Atlantique, plusieurs industriels et distributeurs de jouets ont signé à Paris, le 24 septembre dernier, « une charte pour une représentation mixte des jouets ». Ce rassemblement de grands malades était présidé par la macronienne Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat à l’Economie et aux Finances.
Une panoplie de cowboy (j’en ai eu au moins cinq…) pour un petit garçon ? Horreur ! Malheur ! Une panoplie d’infirmière pour une petite fille ? Enfer et damnation ! Un mécano pour un garçonnet, une dînette pour une fillette ? Vous frisez la correctionnelle ! Du sexisme lourdement réactionnaire ! Le gouvernement ne rigole pas avec ça : « Il faut mettre fin à la menace sexiste (sic) que représentent les jouets pour enfants. »
D’où leur « charte pour une représentation mixte des jouets » pour contraindre (si on peut dire car ils se vautrent sans y être forcés) fabricants et distributeurs à faire là – et comme – on leur dit de faire. Mort à l’abominable dualité bleu/rose, conception de jouets scientifiques et de déguisements liés à la technique et à la technologie pour les filles, aspirateurs, plumeaux, gazinières pour les garçons… Suppression de la formulation « Pour faire comme maman » sur les jouets destinés aux filles (d’autant qu’il n’y aura plus de jouets « destinés aux filles », mais des jouets transgenres ») : il sera remplacé par un neutre « pour faire comme les grands » (ce qui, soit dit en passant, est discriminatoire à l’égard des marmousets ainsi étiquetés « petits »…).
On peut tout craindre de ce gouvernement déviant à bien des égards. Mais on pouvait penser qu’il ne viendrait pas – en plus – légiférer sur le contenu de la hotte du Père Noël ! On n’est bien sûr pas obligé de se laisser faire. A condition de soutenir le regard réprobateur (et bientôt dénonciateur ?) des vendeurs quand, écartant les « poupées inclusives » et autres monstruosités, vous choisirez – c’est encore possible – une panoplie para pour un p’tit gars et un déguisement de fée Clochette pour une jolie p’tite princesse… •
Alain Sanders – Présent