La “Gretamania” a beau toucher une partie de l’opinion occidentale, elle laisse de marbre le président russe. Il a jugé positif que les jeunes «réclament de l’attention aux problèmes brûlants», mais s’est inquiété d’une potentielle manipulation.
Il fallait que la question lui soit posée un jour, c’est désormais chose faite. Vladimir Poutine a été invité à donner son avis sur le phénomène Greta Thunberg, qui a occupé une bonne partie de l’espace médiatique dédié à la dernière Assemblée générale des Nations Unies en septembre.
Alors que le chef d’Etat s’exprimait devant la presse, le 2 septembre, lors du Forum de la Semaine russe de l’énergie, un journaliste lui a ainsi demandé si le tweet de Donald Trump dans lequel il décrivait Greta Thunberg de «une jeune fille très heureuse qui regarde vers un avenir brillant et merveilleux» était «paternaliste», mais aussi ce qu’il pensait de son discours enflammé à l’ONU.
«Vous allez être peut-être déçu mais je ne partage pas l’enthousiasme général provoqué par le discours de Greta Thunberg», a répondu Vladimir Poutine.
Quand quelqu’un utilise les enfants, les adolescents dans son propre intérêt, ça mérite d’être dénoncé
«Les jeunes, les adolescents réclament de l’attention aux problèmes brûlants d’aujourd’hui, y compris les problèmes écologiques : c’est très bien et, bien sûr, il faut les soutenir», a-t-il poursuivi, avant d’ajouter : «Mais quand quelqu’un utilise les enfants, les adolescents dans son propre intérêt, ça mérite d’être dénoncé».
Le maître du Kremlin a fait part de ces inquiétudes : «C’est particulièrement mauvais si quelqu’un essaie d’en tirer avantage. Je n’affirme pas que c’est le cas [pour Greta Thunberg], mais il faut suivre cela attentivement».
Vladimir Poutine s’est, par ailleurs, déclaré «sûr» que la jeune Suédoise, en croisade contre la participation humaine au changement climatique, était une fille «gentille et très sincère». «Mais les adultes doivent tout faire pour ne pas amener les adolescents et les enfants dans des situations extrêmes», a-t-il précisé ensuite.
Les gens en Afrique ou dans nombre de pays asiatiques veulent vivre au même niveau de richesse qu’en Suède
Sur le fond des discours de l’égérie écologiste, le président russe a jugé qu’il témoignait d’une certaine naïveté ou méconnaissance. «Personne n’a expliqué à Greta que le monde moderne est complexe et divers […] les gens en Afrique ou dans nombre de pays asiatiques veulent vivre au même niveau de richesse qu’en Suède», a jugé Vladimir Poutine.
Plus tôt cette semaine, le député de la Douma Vassili Vlassov, qui semble être un de ses admirateurs, a invité Greta Thunberg en Russie pour prononcer un discours. Si la jeune fille acceptait le voyage, il risquerait de lui prendre du temps, puisqu’elle refuse de se déplacer en avion et qu’elle se trouve actuellement sur le continent américain.
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