Les cinglés de la bouffe! (Vidéo)

 

 

 

Aux États-Unis, les compétitions de bouffe sont un véritable phénomène suivies par des centaines de milliers de fans. Ailes de poulet, burgers géants, hot-dogs: au rayon malbouffe, il y en a pour tous les goûts. L’objectif: se goinfrer au maximum en un temps limité. Quelques superstars de l’oesophage en ont même fait un métier, à leurs risques et périls. Estomacs sensibles s’abstenir.

En février, la ville de Philadelphie s’apprête à accueillir le Wing Bowl, le Super Bowl de la bouffe: une gigantesque compétition d’ailes de poulet. Plus de 20 000 personnes sont attendues à l’aréna local pour voir la crème des mangeurs de compétition engouffrer plusieurs milliers d’ailes de poulet en 30 minutes.

Après le concours de hot-dogs de Coney Island, à Brooklyn, retransmis en direct à la télé chaque 4 juillet, le Wing Bowl est la seconde compétition de bouffe au pays. Plus de 40 000 $ de prix sont en jeu.

Alors, les gloutons professionnels prennent leur préparation au sérieux. Très au sérieux dans le cas de Bob Shoudt alias Notorious B.O.B. Champion en titre, Bob Shoudt s’entraîne quotidiennement depuis trois mois dans le but d’être au «sommet de sa forme» pour le jour J.(…)

Au cours des années, Bob Shoudt a amassé des tonnes de trophées. Il détient notamment les records pour la soupe au saumon (9 L en 6 minutes), les pâtes au chili (6,3 kg en 10 minutes), et les hamburgers Crystal (39 en 2 minutes).

Comme lui, ils sont quelques-uns à gagner des sommes importantes avec leurs mandibules. Certains, comme Joey Chestnut (11 fois vainqueur du concours de hot-dogs de Coney Island) ou Molly Schuyler (un minuscule brin de femme qui peut engloutir des centaines d’ailes de poulet en quelques minutes) ou Matt Stonie (qui a plus de 6 millions d’abonnés à sa chaîne YouTube) ne vivent que de leur ventre.(…)

Comment expliquer l’engouement pour une telle activité? «Vouloir gagner à tout prix, c’est le truc le plus américain qui soit», avance James Splendore, un fan du «sport». Avec Mike Sullivan, il anime depuis quatre ans un podcast consacré à la discipline à partir de New York. «C’est tellement fou, c’est tellement ridicule, c’est un truc presque primal», dit son collègue pour expliquer sa fascination pour le phénomène.

Un nouveau record!

Retour à Philadelphie. Le Wing Bowl va débuter à l’aréna des Flyers. Les participants font leur entrée sur des chars allégoriques. Ils sont 29 : 27 hommes et 2 femmes. Ils sont accompagnés de Wingettes, jeunes femmes en petite tenue qui sont chargées d’alimenter les concurrents en assiettes d’ailes de poulet.

Trois, deux, un… C’est parti. La compétition dure 30 minutes au total. À mi-parcours, bien des concurrents abandonnent. Le concours est retransmis sur des écrans géants au centre de l’aréna. Ce n’est pas joli-joli. Certains mangeurs sont sur le point de vomir, ce qui semble autant révulser qu’exciter la foule.

Le décompte final retentit. Les arbitres font l’addition. Molly Schuyler exulte. Elle vient de fracasser le record en engloutissant 501 ailes en 30 minutes, du jamais vu dans l’histoire du Wing Bowl.

À la clé pour la Californienne: plus de 35 000 $ de prix et une horrible couronne de poulets en plastique.

Troisième, Bob Shoudt repart les mains vides. «Ça fait mal de ne rien gagner. Mais ça va. Cela me donne juste envie de revenir plus fort la prochaine fois», conclut-il, bon mangeur.(….)

Un «sport» extrême

Bob Shoudt ne le dit généralement pas en public de peur de susciter des moqueries, mais il est convaincu que les compétitions de bouffe sont un sport. «Je faisais de l’athlétisme plus jeune, du cross-country, et ce que je fais aujourd’hui est plus exigeant», soutient-il.

Fasciné par les quantités gargantuesques de nourriture englouties par les mangeurs de compétition, le gastroentérologue David Metz de l’Université de Pennsylvanie a publié une étude scientifique sur le phénomène en 2007.

Pour comprendre comment les compétiteurs pouvaient engouffrer autant de nourriture, le docteur et son équipe ont comparé l’estomac d’un mangeur de compétition et celui d’un humain «normal». Ils ont découvert que les gloutons professionnels parvenaient à dilater de façon exceptionnelle leur estomac et à ignorer les signes de satiété.

«L’estomac du mangeur de compétition était tellement dilaté qu’on n’arrivait plus à le photographier avec une seule radiographie. Cela nous a pris plusieurs radiographies pour le capturer en entier», précise le gastroentérologue.

Plus alarmant: leur étude dressait la liste des dangers et des complications liés à cette pratique.(…)

 

Les chaînes gloutonnes

Mais tout cela ne décourage pas les adeptes, particulièrement sur la plateforme de diffusion YouTube. De plus en plus de mangeurs se filment en train de relever des défis alimentaires pour multiplier les «vues» et être ainsi rémunérés.

Raina Huang, youtubeuse de 23 ans installée à Los Angeles, a amassé plus de 10 millions de visionnements, en un peu plus d’un an, d’elle engouffrant de gigantesques pizzas et autres gargantuesques burgers.

Elle est bien consciente que son régime n’est guère recommandable, mais elle enregistre tout de même plusieurs vidéos par semaine, voire par jour. «Je sais bien que ce n’est pas bon pour la santé, mais je suis jeune, j’ai le droit d’être stupide!», dit-elle en avalant neuf hamburgers, plusieurs frites et trois milk shakes pour une vidéo qu’elle compte mettre en ligne sous peu.(…)

Si bien qu’à 50 ans, Bob Shoudt s’est lui aussi mis à filmer ses exploits dans l’espoir d’augmenter ses revenus. Pour l’instant, sa chaîne YouTube peine en comparaison des stars du genre. Alors, pour se faire remarquer, il a lui aussi tendance à relever des défis plus extrêmes.

En ce dimanche soir, il compte se filmer en train d’engloutir 10 paquets de nouilles coréennes super-épicées dans son salon. «Si j’y parviens, je crois que cela sera une première», dit-il. C’est sa seconde tentative.

Les nouilles sont tellement épicées qu’il transpire à grosses gouttes. Rapidement, son nez coule. Il en pleure même.

Sept minutes et quarante-trois secondes plus tard, il parvient finalement à vider l’énorme saladier. «Ma bouche est en feu. Ce n’est vraiment pas plaisant», grogne-t-il avant d’aller éteindre ses deux caméras.

 

Source

Related Articles