Entre fraternité et diversité il faut choisir
La République était pour les Romains « la chose commune ». Mais une dérive s’est accomplie récemment et le mot est utilisé sciemment par ceux qui sont hostiles à la démocratie : les oligarques qui nous gouvernent. Macron ne pouvait pas appeler son mouvement « l’oligarchie en marche », alors il l’a appelé « la République en marche ».
République en marche, démocratie à l’arrêt : c’est ce que l’on peut constater. Ce parti, selon le centre de recherche CEVIPOF, comporte 7% de députés d’origine populaire (deux ouvriers sur plus de 300 !), 23% issus des classes moyennes et 70% des classes supérieures (hauts fonctionnaires, magistrats, chefs d’entreprise, cadres supérieurs, professions libérales). Ses statuts adoptés le 17 août dernier ont été votés à 90,6%, un score soviétique, mais avec 68% d’abstentions (les deux tiers). La légitimité est donc faible, même si la légalité est respectée.
La République est un faux nez pour ceux qui sont au fond d’eux-mêmes hostiles à la démocratie et à la France. L’oligarchie, par définition, est contraire à la démocratie qui donne la parole aussi à « ceux qui ne sont rien », pour reprendre la parole aimable du président de la République. Quant à la France, il faut en faire un minimum pour tromper le peuple mais elle a vocation à s’effacer dans la mondialisation. L’oligarchie d’aujourd’hui est mondialiste. Elle utilise le mot « républicain » à des fins de communication interne et externe :
- à des fins internes, le mot permet aux francs-maçons de se reconnaître entre eux de façon discrète ; dire que tel ou tel n’est pas républicain pouvait vouloir dire autrefois qu’il était monarchiste ; aujourd’hui, cela veut dire que la franc-maçonnerie lui est hostile, rien de plus ;
- à des fins externes, le mot républicain laisse entendre qu’on s’oppose à une dictature ; mais, là aussi, le mot est utilisé comme un leurre pour tromper les citoyens.
Car, même si la France n’est pas une dictature dans la mesure où l’Etat a peine à utiliser son autorité contre les délinquants et les criminels, elle n’en est pas moins éloignée de la démocratie et des libertés. Les vrais opposants idéologiques sont exclus des médias et il règne une censure de fait sinon de droit. 45,6% des Français ont voté au premier tour des élections présidentielles pour la France insoumise, le Front national et Debout la France, les partis dits « populistes ». Mais ces partis n’ont que 4,6% des députés ! La moitié des électeurs, ceux qui votent pour la classe dirigeante, ont 95,4% des députés ! Curieuse démocratie ! De plus, si l’on compte les abstentions, 57,3% du corps électoral, 24,9 millions de citoyens inscrits sur les listes électorales, on constate que la moitié du peuple se désintéresse de ses représentants. Les études des politologues Bréchon et Tchernia montrent que les citoyens n’aiment pas les hommes politiques et les deux tiers pensent qu’ils ne sont là que pour se servir eux-mêmes.
Les oligarques savent cela, c’est pourquoi ils évitent autant qu’ils le peuvent de consulter le peuple en direct par des référendums. Les deux tiers des Français pensent que la démocratie fonctionne mal.
La République française d’aujourd’hui est une Oligarchie française ! Sa devise historique, « Liberté, Egalité, Fraternité », est bafouée dans la plupart des domaines. Prenons l’exemple de l’immigration :
Liberté ? On n’a jamais consulté les Français. Aujourd’hui, les préfets imposent des « réfugiés », en général des immigrés clandestins, à des villages où les élus n’ont qu’à obtempérer.
Egalité ? La bourgeoisie dirigeante pratique « l’évitement » : les prix du foncier éliminent les catégories dangereuses des quartiers chics. Les écoles publiques sont « évitées » par les parents privilégiés pour que leurs enfants ne côtoient pas les immigrés. Par contre, ces derniers sont bienvenus comme consommateurs et titulaires de bas salaires ! Il n’y a pas d’égalité des citoyens devant le danger migratoire, la criminalité ou le terrorisme !
Fraternité ? Le sociologue américain Robert Putnam a démontré que plus la « diversité » ethnique est grande dans un quartier, plus la méfiance envers autrui est forte et plus la solidarité de voisinage est faible. Entre fraternité et diversité, il faut choisir. Mais la bourgeoisie dirigeante évolue dans des réseaux mondains fort homogènes qui la protègent de cette « diversité ».
La réalité, c’est que la prétendue République est un masque pour faire avaler aux Français la réalité de la lutte des classes où ce sont toujours les mêmes qui perdent : les classes populaires « de souche ». Les dirigeants vivent bien et les immigrés sont protégés, logés et soignés en priorité. Selon le professeur de géographie humaine Christophe Guilluy, ce peuple de « la France périphérique », exclu des grandes métropoles, représente autour de 60% de la population. Il est majoritaire mais dépossédé de tout pouvoir, sinon de voter « populiste » pour montrer ses souffrances. Mais la République oligarchique taxe alors ceux qui osent parler de leurs souffrances de racistes, de fascisants et de ringards. Ceux qui n’acceptent pas le nombre des immigrés (2/3 des Français) seraient « racistes ». Ceux qui protestent contre le terrorisme, le crime et la délinquance et réclament une répression plus efficace sont « fascisants » et ceux qui souffrent du chômage sont des inadaptés des temps modernes. Bref, les victimes ont toujours tort. Elles rejettent les « valeurs de la République », c’est-à-dire les dogmes de l’idéologie dominante. Le mot « valeur », comme l’écrit Heidegger, est sujet à caution. Les valeurs correspondent à des caprices individuels sans devoirs, sans effort à faire en contrepartie. Autrefois, la République elle-même parlait de vertus, notion aristocratique de l’antiquité classique impliquant des devoirs « noblesse oblige ».
Les « républicains » de droite ou de gauche se parent de ce vocable flatteur pour masquer le caractère oligarchique du pouvoir. Ce sont des hypocrites qui méprisent le peuple et ne veulent pas de démocratie mais d’un gouvernement des « experts » choisis en leur sein. Ils n’utilisent guère le mot de démocratie pas plus que le mot de « France ». L’Etat est d’abord républicain comme l’URSS était d’abord socialiste. L’idéologie est plus importante que la patrie charnelle. L’idéologie, comme l’alcool, éloigne du réel, comme l’avait vu Dostoïevski dans son livre Les Démons. Les réalités charnelles et affectives, la famille, la patrie, la religion sont des obstacles à la mobilité universelle où les hommes sont en réalité des matières premières. L’oligarchie mondialiste veut noyer ces enracinements dans « les eaux glacées du calcul égoïste ».
République en marche, démocratie en panne. République en marche, France à l’abandon. Mais les Français qui souffrent sont ceux qui peuvent entrer en résistance. La France libre renaîtra de cette résistance, face à une République corrompue, livrée aux forces de l’étranger et de la finance apatride.
Ivan Blot – Polémia