Egon Schiele (Bande-annonce)

https://www.youtube.com/watch?v=HXBuy7ZTMII

Egon Schiele (1890-1918) est un jeune peinte de l’avant-garde viennoise typique de 1910. Il est très connu dans les pays de culture austro-allemande, nettement moins en France. Il est mort très jeune, non à la guerre de 1914-1918 sur un front comme beaucoup de ses camarades, mais de la terrible épidémie de grippe espagnole de l’hiver 1918-1919. Le drame historique est centré sur la personnalité et les travaux de l’artiste ; il s’agit donc d’un exercice de biographie historique, ou biopic.
 
Le problème majeur vient précisément, paradoxalement, de la fidélité au modèle original. Le personnage d’Egon Schiele a peut-être été légèrement aggravé, mais peu finalement, par le roman historique autrichien à succès des années 2000 qui a servi de base au film. Le thème des relations bizarres de l’artiste avec sa sœur sent le roman, dans ce qu’il peut avoir de pire, tandis que tout le reste relève indiscutablement du vrai ou du moins de la vraisemblance. Egon Schiele a mené dans sa jeunesse toute la caricature de la bohème, dans sa variante viennoise de 1910. Chassé de l’Académie des Beaux-Arts de Vienne pour indiscipline, il a multiplié les œuvres provocatrices dans la manière de peindre – avec des traits volontairement grossiers et déformés et de fausses couleurs systématiques (femmes vertes, typiquement) – et les sujets, soit souvent des prostituées prenant des poses plus ou moins explicites pour attirer le consommateur… Schiele a fait du Toulouse-Lautrec en pire, pour le comparer à un artiste français quasi-contemporain et plus familier au public national. Les tableaux sont déjà d’un intérêt artistique discutable, et souvent un peu gênants pour le public honnête. Le film, qui reproduit les scènes d’élaboration de ces œuvres, dérange d’autant plus.
 

Egon Schiele est donc à fuir

 
L’artiste a d’ailleurs été poursuivi en son temps par la justice autrichienne pour pornographie, et pas forcément à tort. Le pire de son travail n’est heureusement d’ailleurs pas montré à l’écran, des dessins de nus d’enfants dans des positions douteuses. Egon Schiele est donc à fuir, hors éventuellement d’un public très restreint d’adultes très avertis.
 
Ainsi, pour les germanistes et historiens qui verront le film dans la langue, Egon Schielepossède une dimension fondamentale de fresque historique. Le film restitue en effet minutieusement toute une époque et une atmosphère particulières. Dans la deuxième partie du film, les personnages principaux, bien interprétés, en deviennent même quelque peu attachants. Mais ces aspects positifs ne rachètent pas l’ensemble du film.

 

 

Lu sur RITV
 

Related Articles