Angèle de Marcel Pagnol (Extrait)

L’histoire de ce beau film de Pagnol (d’après Giono) de 1934 est simple et tragique. La fille du brave Clarius (Henri Poupon) et de Philomène (Annie Tonon), Angèle (Orane Demazis), a tout pour être heureuse. Maître Clarius, fermier de la Douloire, veille sur elle et elle a, dans son voisinage, Saturnin (Fernandel), valet de ferme, garçon de l’Assistance public et amoureux transi.

Seulement voilà… Un jour qu’elle descend à la ville, elle croise le beau Louis (Andrex). Pas un paysan, lui. Un gommeux qui vient de Marseille. Sur le chemin du retour, ce beau parleur l’enivre de madrigaux et lui promet monts et merveilles. Elle craque, la petite Angèle. Et elle suit le maquereau. Qui la met sur le tapin à Marseille.

A la Douloire, Maître Clarius devient fou. La mère est rongée par la douleur. Alors Saturnin descend en ville, tue le barbeau, récupère Angèle et son bébé. Mais il faudra encore toute la gentillesse et l’amour d’Albin (Jean Servais), le « grand de Baumugnes », pour réinstaller Angèle dans sa famille.

Angèle est le premier vrai film de Pagnol, même s’il a utilisé là l’une des trois histoires de la « Trilogie du pain » (1928-1930) : Colline, Un de Baumugnes, Regain. On sait que, si Giono a supervisé le scénario, la scène finale, formidable d’émotion, est entièrement de Pagnol.

Les extérieurs de ce film, qui a révélé Fernandel au grand public, ont été tournés près de Manosque et dans les collines d’Allauch. Dans son Marcel Pagnol (Artefact, 1986), Dany Pompa écrit : « Cette œuvre est d’une rare force. Une beauté brute, émouvante, peinte avec un réalisme dont on dira de Pagnol qu’il est l’inventeur : De Sica et Rossellini en firent bonne école et n’hésitèrent jamais à le clamer. »

 

Alain Sanders – Présent

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