Nocturama

Paris, un matin. Une poignée de jeunes, de milieux différents. Chacun de leur côté, ils entament un ballet étrange dans les dédales du métro et les rues de la capitale. Ils semblent suivre un plan. Leurs gestes sont précis, presque dangereux. Ils convergent vers un même point, un Grand Magasin, au moment où il ferme ses portes. La nuit commence.
«Nocturama» est scindé en deux parties distinctes. La première suit des jeunes déambuler dans Paris, prendre le métro, conduire une voiture et finalement converger vers des endroits symboliques de la capitale…. Après les attentats, les nouveaux «ennemis de l’Etat» se retrouvent dans un gigantesque centre commercial, plongeant la tête la première dans le bain du consumérisme, jusqu’à se retrouver confrontés à leur propre reflet.

Soucieux de ne pas provoquer d’empathie pour les apprentis terroristes, de ne pas surligner «le romantisme» de l’action, Bertrand Bonello prend ses distances, filme ses jeunes acteurs comme s’ils étaient les exécutants d’une danse macabre, ne cherchant que rarement à expliquer le geste insurrectionnel. Le cinéma est une transe, idée que synthétise Bertrand Bonello lors d’une scène sublime, l’une des plus mystérieuses de l’année, quand les jeunes dansent ensemble, sans un mot, sur un morceau techno au rythme lancinant. Dès qu’il se met à penser, à ajouter des dialogues ou des péripéties – le couple de SDF, la scène du vigile, la discussion dans Paris -, le film perd de sa fluidité musicale. Mais le geste est beau, fort, amener à durer dans le temps. Quand on ne souviendra plus du moment troublé de sa sortie, «Nocturama», ex –«Paris est une fête», restera comme l’expression de la rage nihiliste d’une génération que l’on dit abusivement sans idéologie.

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