Tous aux abris, les agriculteurs déferlent sur Paris ! La presse en émoi suit depuis mercredi la progression des tracteurs convergeant vers la capitale, et le gouvernement recommande vivement aux automobilistes, par la voix de la préfecture de police, « de différer leurs déplacements, de privilégier les transports en commun et d’éviter dans la mesure du possible d’emprunter leur véhicule afin de se rendre à la capitale ».
On se croirait à La Réunion ou à la Guadeloupe, à la veille d’une tornade. On observe sur les écrans le tourbillon en formation et on bombarde les autochtones de consignes préventives : faites des provisions, calfeutrez vos fenêtres et restez chez vous !
Mais les mouvements sociaux ne sont pas des catastrophes naturelles, une fatalité que l’on attend, impuissant, en serrant les fesses et en rentrant les épaules. Pas plus que ne sont une fatalité tous ces évènements qui, avec une accélération vertigineuse, se bousculent dans les médias, occupent la une durant quelques jours avant de disparaître, non parce qu’ils ont trouvé une solution, mais parce qu’ils ont été chassés par une actualité encore plus spectaculaire et dramatique.
Les agriculteurs sont exsangues, à bout de souffle, acculés à aller, avec l’énergie du désespoir, sur leur encombrant outil de travail bloquer les Franciliens ? Mais c’était déjà le cas en juillet ! Le gouvernement n’a donc rien réglé, ne trouvant toujours, deux mois plus tard, qu’à prodiguer quelques conseils de survie, en tapotant la joue des Français comme des bénévoles de la Croix rouge ?
Il ne faut pas prendre sa voiture dans Paris.
Il ne faut pas prendre non plus l’Eurostar, des migrants déterminés empêchant son départ à la gare de Calais.
Il ne fallait pas non plus, il y a quelques jours, prendre l’A1, des Roms en colère occupant les voies.
Il vaut mieux aussi, évidemment, éviter de prendre le train, pour prévenir tout risque inutile de marcher sur une Kalachnikov en se rendant au petit coin.
L’avion est également fortement déconseillé : Selon The Telegraph, les compagnies aériennes françaises auraient été prévenues d’un risque d’attaque terroriste, et même d’un “11 septembre” potentiel, « les fusils d’assaut […] et les missiles anti-tanks [étant] maintenant facilement disponibles en France (sic) ».
Le mieux, hein, est encore de rester dans son lit. Au chaud sous la couette. En attendant que ça passe. Comme si cela pouvait passer.
Comme si les pays qui pratiquent le dumping social et tuent notre agriculture à petit feu, allaient, par pure bonté d’âme, monter obligeamment leurs prix, comme si les passeurs de migrants, atteints par le burn out, allaient se lasser de faire tourner leur juteuse entreprise, comme si les terroristes déjà pré-positionnés sur notre sol, allaient, touchés par la grâce, se mettre d’un coup une pâquerette à l’oreille et devenir apôtres du « Peace and Love ».
C’est le gouvernement façon Hibernatus : « Allons-nous coucher, ma biche, et tout va s’arranger. »
Et pour se coucher, la France se couche. La question est de savoir si elle arrivera à se relever.