Le syndrome de Byzance!

 

 

Le 14 juin dernier, la Commission européenne adressait “au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au comité des régions”, une communication sur le “soutien à la prévention de la radicalisation conduisant à l’extrémisme violent”. 19 pages inodores, incolores et sans saveur, écrites par des bureaucrates incapables seulement de nommer ce sur quoi ils écrivent. Il faut lire ce texte : pas une fois, n’y figurent les termes islam, Etat islamique, salafisme ou takfir/takfiris. L’islam devient “la religion” et les fanatiques, des “personnes partageant les mêmes opinons extrémistes”. Paniqués à l’idée d’affronter le réel, ces bureaucrates en viennent à mentir “L’UE est confrontée depuis longtemps à différents types de terrorisme”. Ah bon ? Ce sont des Mormons, des Bouddhistes que l’on veut “déradicaliser” ?

Après les mensonges, le gnan-gnan bienséant : pensez donc ! les terroristes ont subi “un sentiment d’injustice ou d’humiliation renforcé par la marginalisation sociale, la xénophobie et la discrimination”. Faux, de la base au sommet. Prenons les Abdeslam : ils proviennent de la bourgeoisie immigrée, et ont été élevés dans des écoles privées chrétiennes. Au sommet de la pyramide islamiste, naguère des milliardaires à la ben Laden ; aujourd’hui, d’ex-généraux issus de l’élite irakienne. Où sont les “damnés de la terre” ?

Ensuite “Les Deux Orphelines”, nos pauvres terroristes aux “liens familiaux peu structurés” ayant subi “des traumatismes personnels et d’autres problèmes psychologiques”. Avis au DRH de Daech : qu’il aille recruter aux portes des orphelinats – succès garanti.

Enfin, les caricatures : les études sur la radicalisation se font dans des programmes nommés “Diversité religieuse et modèle laïcs en Europe” et “Combattre les inégalités grâce à des pratiques sociales innovantes”. Celui qui, lisant cela, comprend qu’il s’agit d’empêcher des tueurs de massacrer des innocents par centaines, a gagné une collection reliée des communications de la Commission européenne.

Des dizaines de millions d’euros inonderont en pure perte de semblables calembredaines.

Cependant, une timide lueur dans cet affligeant catalogue de tout ce qui, dans le social, échoue depuis un demi-siècle. Une fois en dix-neuf page, deux mots sonnent juste : “compréhension précoce”. Hélas, il s’agit seulement du honteux plagiat de la doctrine criminologique du décèlement précoce, glissé en douce dans la “communication” pour faire chic. Sans que par ailleurs bien sûr, les auteurs du texte aient jamais consulté les experts en la matière.

De longue date, l’auteur diagnostique en semblables circonstances le “syndrome de Byzance”. Les Turcs sont aux murailles, et d’ultimes doctrinaires bavardent avec l’ultime Basileus du sexe des anges. Nous y sommes presque.

Xavier Raufer

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