Debout, les intellos!

« Nous sommes tous des catholiques français », déclare Alain Finkielkraut, suite à l’assassinat du père Hamel. On attendait mieux de sa part ; on l’espérait porteur de l’étendard d’une lucidité aujourd’hui nécessaire, alors que s’accumulent les risques d’une guerre civile que le déni du réel amplifie.

Un débat s’impose sur le contenu de l’islam, sur sa nature théocratique, son rapport historique à l’Occident et sur la relation idolâtre de certains pratiquants à leur religion. Aider les musulmans à abattre la figure totémique du Prophète est un devoir pour les intellectuels.

L’occasion d’agir leur en est donnée cette semaine par une polémique. On a cru que le CFCM avait enfin osé avouer – avant que Floris de Bonneville, sur Boulevard Voltaire, n’en dénonce le « mirage » – que « le Prophète n’était qu’un homme pécheur avec des mœurs cruelles qu’il est abominable d’ériger en exemple », qu’il « ne saurait être idolâtré » et dont seuls « les élans mystiques vers Dieu » doivent être admirés. Vrai ou faux, ce texte peut être utilisé à des fins pédagogiques.

Qui, dans un champ intellectuel français dévasté par l’idéologie, osera saisir l’occasion pour débattre ? Pas un monde universitaire qui, de Raphaël Liogier, sociologue, pour qui « l’islamisation est un mythe » à Pierre Manent, philosophe, qui plaide pour « une meilleure reconnaissance des pratiques liées à l’islam », en passant par Gilles Kepel, politologue, selon lequel « l’islamisme n’a plus la force mobilisatrice de l’utopie », est aliéné par des cadres conceptuels inadaptés. Aucun espoir, non plus, du côté des phraseurs médiatiques comme le pathétique Bernard-Henri Lévy.

Resterait quelques audacieux qualifiés de « réacs ». Mais ceux-ci, comme Alain Finkielkraut qui pantoufle désormais à l’Académie, Michel Onfray et ses perceptions simplistes du fait religieux, Michel Houellebecq englué dans ses obsessions génitales, Éric Zemmour soucieux de préserver sa position et Philippe de Villiers qui se veut dissident, s’autocensurent pour rester dans les cadres du politiquement correct d’un spectacle médiatique dont ils sont les acteurs gratifiés.

Pourtant, l’heure est au courage de dire que la question de l’islam est bien plus profonde que l’épiphénomène Daech et qu’un inconscient religieux archaïque peut faire d’un gamin le pire des criminels. Ceci en identifiant les conditions qui aggravent la problématique : immigration invasive, passivité des responsables, effets d’une politique extérieure aventureuse au Moyen-Orient, etc…

Il est temps de restaurer une conscience claire du réel, condition de choix futurs cohérents. Car l’heure est encore aux décisions irresponsables, comme l’illustre une Éducation nationale qui multiplie les cours d’arabe, langue et moyen de diffusion de l’islam, langage structurant d’inconscients potentiellement radicaux, à un moment où un « Bataclan scolaire » est possible.

Un débat lucide ouvrira une voie d’espérance. Messieurs les intellectuels, prenez vos responsabilités historiques. Osez un « J’accuse » pour ne pas subir, un jour, l’opprobre que mériterait un désengagement coupable.

Bruno Riondel – Boulevard Voltaire

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