L’aventure pour quoi faire ? […] A la question rituelle « pourquoi partir ? », posée généralement par les culs de plomb, c’est Patrick Wagner qui a livré la meilleure réponse dans le généreux et passionnant récit de ses pérégrinations, Davaï ! Du lac Baïkal aux plages de Ko Chang : « Peut-on se satisfaire d’une existence fabriquée « en série », dans un monde de plus en plus uniforme ? Progrès du nivellement, esprit grégaire. N’est-il pas sage au contraire de vouloir connaître ses limites comme celles d’un continent ? De s’évader de nos sociétés bourgeoises, citadines, épuisées. » Le directeur de la revue Livr’Arbitres n’est pas le seul à vouloir « retrouver la part de souveraineté qui, selon les anarchistes du Comité invisible, appartient aux vivants ». Et si c’était cela la véritable insurrection qui vient ? Ce non inaugural et fondateur d’une génération qui a pris au pied de la lettre le mot d’Henri David Thoreau : « Il est vain de s’asseoir pour écrire si on ne s’est pas levé pour vivre. » Il n’est pas anodin que le poète et essayiste américain soit devenu l’un des auteurs les plus lus et traduits en France.
(Eléments, juillet-septembre 2015, N°156.)