J’ai une soeur, une soeur unique qui s’appelle Virginie. J’ai dix ans de plus qu’elle. Virginie est née IMC, infirme moteur cérébral. En termes techniques, elle présente une encéphalopathie chronique infantile associée à une incapacité motrice cérébrale. Elle ne parle pas, ne marche pas, oscille entre trois et dix ans d’âge mental… cependant comprend beaucoup de choses et peut en faire quelques autres.
Depuis fort longtemps, elle demeure dans un centre spécialisé dans lequel j’avais confiance.
Désormais, j’ai peur, terriblement peur, atrocement peur.
A observer l’acharnement des médecins à vouloir tuer Vincent Lambert, l’empêcher de partir dans un autre centre de soins, je ne peux m’empêcher de penser que l’on peut un jour pareillement tuer ma soeur. Et pourquoi pas en toute discrétion?
Très peu légume et très vivante, Virginie est une inutile selon la “génération Macron”, coûte de l’argent à la société. Je lui offre toutefois une bonne mutuelle pour couvrir les autres risques indépendants de son handicap, elle a même une Responsabilité Civile obligatoire au cas où elle, qui est dépendante pour presque tout, renverserait une infirmière en roulant à 100km/h dans un couloir avec son fauteuil.
Née dans le sud, elle fut mise dans un centre dans le sud où elle a fini de grandir, puis y devint adulte. Avec les mêmes copains, elle habite là-bas, au bon air et dans de beaux paysages. Elle y est très heureuse et je n’ai jamais eu le courage de “l’expatrier”, loin de ses amis, des collines et du soleil.
Cette précision pour vous dire que je vis à mille kilomètres d’elle, que je ne peux tout surveiller et qu’il me faut parfois donner par courriel des autorisations médicales importantes voire urgentes… ou banales comme un vaccin contre la grippe, comme pour toutes les personnes sous tutelle.
Voilà qu’un récent certificat me confirme que son évolution ne peut-être que déficitaire.
Lisant cela, dans le silence infame des pouvoirs publics, dans le silence inadmissible et atroce de la plupart des évêques français, dans le silence lamentable des associations, dans le silence ahurissant de la plupart des Français… Je ne comprends pas mais absolument pas qu’il n’y ait pas un tollé, que personne ne pense que demain, un médecin va pouvoir décider de tuer impunément un père ou un frère… tout un chacun n’ayant pas les moyens juridiques et financiers et recours utilisés pour Vincent Lambert, lequel risque malgrè tout d’être officiellement assassiné.
Je ne peux croire que personne n’ait vu l’euthanasie sur décision politique et médicale se profiler et surtout l’accepte.
Je suis outré que l’on en soit à adresser une supplique aux évêques de France pour leur demander d’intervenir alors qu’ils auraient dû le faire spontanément.
Alors que je ne m’étais jamais interrogé, je me demande avec effroi, si me racontant une aggravation subite de son état ou m’inventant une maladie au nom complexe et rarissime ou si elle est en fin de vie, sans en être très proche de sa mort, un médecin ne va pas décider de tuer, par manque de soins ou privation d’eau et de nourriture, cette petite soeur baptisée par un beau samedi de juin.
Et avant elle ou après, combien de Vincent Lambert et d’autres Virginie?
Soyons rassurés, ces ignobles sont si fiers de leurs assassinats “thérapeutiques” qu’ils préviennent de la date.
Au secours!
Mitrophane Crapoussin