Il était une fois un jeune homme descendant d’une famille noble originaire de Metz qui donna à la France plusieurs officiers supérieurs et généraux dont certains furent décorés de l’ordre de Saint-Louis : les Goulet de Rugy. Certains font remonter cette noblesse au règne de Charles VI d’autres plus modestement au règne de Louis XVI en 1785.
Ce petit jeune homme aux dents longues né en 1973 se prénomme François-Henri, mais il se fera appeler François de Rugy, tout court. Attiré très tôt par la politique il adhère en 1991 au mouvement Génération Ecologie de Brice Lalonde alors ministre de l’Environnement et qui connait un grand succès. Mais le jeune François a le cœur à gauche et ne supporte pas que Lalonde se rapproche de la droite suite aux législatives de 1993. Il le quittera en 1994 pour créer –déjà- son propre mouvement Ecologie 44 qu’il présidera jusqu’en 1999, parallèlement à des études de sciences politiques.
En 1997 il adhère aux Verts et sera leur candidat aux élections législatives à Nantes contre le maire Jean-Marc Ayrault mais il devra se contenter d’un modeste 3,87% alors que d’autres se font élire et que le parti va participer au gouvernement socialiste de Lionel Jospin. Il se rattrapera en devenant secrétaire général adjoint du nouveau groupe RCV à l’Assemblée nationale comprenant : radicaux de gauche, verts, chevènementistes, indépendantistes martiniquais et guyanais … C’est l’époque où les Verts, sous la houlette de Dominique Voynet, se préoccupent plus de questions sociétales : féminisme, immigrationnisme, minorités sexuelles que de défense de la nature.
En 2001 de Rugy rentre au conseil municipal de Nantes où Jean-Marc Ayrault va lui confier un poste d’adjoint aux transports. Il deviendra dans la foulée vice-président de la communauté urbaine Nantes métropole. C’est le début de son ascension médiatique, de Rugy est partout … où il y a un journaliste ou une caméra. Consécration aux législatives de 2007 il est un des rares écolos à se voir offrir une circonscription par le PS : celle de Nantes 1 Orvault où, en tandem avec le socialiste Pascal Bolo, il va la gagner face au pâle député sortant UMP avec 52 % des voix alors que la droite l’emporte au plan national.
Devenu un des plus jeunes députés de France, de Rugy s’inscrit au groupe de la Gauche démocrate et républicaine, obtient un des 12 postes de secrétaires de l’Assemblée nationale et devient membre de la prestigieuse commission des Finances.
Un seul échec l’année suivante, celui que certains appellent déjà le Rastignac nantais est battu aux élections municipales d’Orvault recueillant près de 48 % des voix.
Facilement réélu député en 2012 : 59 % des suffrages , toujours avec Pascal Bolo, mais sous l’étiquette Europe Écologie Les Verts , il va s’opposer à son collègue Noël Mamère pour la présidence du groupe EELV et l’emporter. Membre cette fois de la commission de la Défense nationale il va se montrer un parlementaire actif et médiatique. Il est l’un des rares à avoir publié sur son site internet l’intégralité de ses revenus, ainsi que le détail de l’utilisation de ses indemnités de fonctionnement.
A Nantes, de Rugy est de toutes les manifestations, de l’aéroport de Notre Dame des Landes à la gay pride. Mais il ne poursuit qu’un objectif devenir ministre. Membre d’un parti incontrôlable, extrémiste et divisé comme EELV, c’est impossible. En août 2015 il va donc quitter EELV pour fonder avec Jean-Vincent Placé un parti écologiste dissident qu’il situe «au centre gauche», Ecologistes !, mais qu’il quittera l’année suivante en laissant 11 600 € de cotisations non payées. Las, c’est Placé qui va le coiffer sur le poteau en devenant secrétaire d’État en février 2016. Petite revanche il devient en mai suivant un des vice-présidents de l’Assemblée nationale pour rejoindre deux jours plus tard le groupe socialiste en provoquant le hara-kiri du groupe écolo !
Mais François de Rugy est un homme pressé et il va annoncer ensuite avec le zèle des nouveaux convertis sa candidature à la « primaire citoyenne » du Parti socialiste pour « mettre l’écologie au cœur du projet de la gauche » avec un programme surtout axé sur le sociétal : PMA, GPA ‘encadrée’, euthanasie, suicide assisté, légalisation du cannabis, vote obligatoire, service civique idem pour tous … Le candidat promet aussi de soutenir le vainqueur de la primaire.
Son résultat ne sera pas à la hauteur de ses ambitions : 3,8% . Qu’à cela ne tienne, un mois plus tard le voilà rallié à la candidature d’Emmanuel Macron, ses anciens amis socialistes parlent alors de « faute morale » ou « d’attitude contraire au principe de loyauté ». Après l’élection d’Emmanuel Macron, de Rugy se représente aux législatives. Profitant du raz de marée « macroniste » il va retrouver son siège avec les 2/3 des suffrages. Toujours pressé, une heure après sa victoire il annonçait sa candidature à la présidence de l’Assemblée nationale. Déjouant les pronostics, la primaire interne du groupe La République en marche le voit l’emporter alors qu’on annonçait une femme au perchoir. Ce sera ensuite une formalité le 27 juin avec une élection de maréchal pour la présidence de l’Assemblée nationale. Curieusement de Rugy s’est engagé à n’effectuer qu’un mandat de seulement 2 ans et demi et à ne pas se représenter à sa propre succession. On le voit mal redevenir simple député après un parcours plein de telles circonvolutions. Macron devra se méfier ! « Quo non ascendet » : l’ambitieux de Rugy semble avoir faite sienne la devise de Nicolas Fouquet, le surintendant des finances de Louis XIV. L’histoire nous apprend aussi qu’il n’ y a pas loin du Capitole à la Roche tarpéienne…
François Cravic
Photo : Benoit-Caen , Wikipedia (cc)
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