Pas « merci Madame » !

Bien que membre du Syndicat de la Magistrature tout nouvellement créé dans les remous de Mai 68 et porteur d’une « pensée judéo-christiano-marxiste » selon les termes de son cofondateur Pierre Lyon-Caen, Simone Veil fut choisie en 1969 comme « conseillère technique » par René Pleven, garde des Sceaux de Georges Pompidou. Un démocrate-chrétien de l’espèce la plus gluante, à qui l’on doit la scélérate loi de 1972, grâce à laquelle, se vanta alors Pleven, « la France sera, à ma connaissance, le premier pays du monde à avoir une définition aussi extensive de la discrimination dans ses lois pénales » puisque, au-delà de l’incitation, elle établit le délit de provocation (même indirecte, et même non suivie d’effets) à la haine raciale à l’encontre de personnes ou groupes de personnes « à raison de leur origine ou leur appartenance ou non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée », aggrave singulièrement les peines encourues et autorise une kyrielle d’organisations dites représentatives à se porter parties civiles, même quand aucune plainte n’est déposée, et à exiger leur livre de chair des présumés racistes comme maints journalistes, en commençant par ceux de Présent, et personnalités de notre bord l’ont appris à leurs dépens. Votée à l’unanimité, cette loi est la matrice des lois Gayssot (1990), Perben I (2002), Lellouche (2002) et Perben II (2004) qui n’ont cessé d’alourdir les peines : jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende pour les contrevenants !

Quel fut le rôle joué par Simone Veil dans la genèse de la loi Pleven ? Prépondérant, selon les meilleurs connaisseurs judiciaires mais, curieusement, sa notice Wikipédia ne mentionne même pas son passage au ministère de la Justice. En revanche, cette même notice souligne qu’en 1978, celle qui était devenue une intouchable icône avec sa loi sur l’avortement mit « en échec, avec d’autres membres du gouvernement, le projet de retours forcés de 100 000 Algériens par an prôné par Valéry Giscard d’Estaing, dont la politique d’aides financières au retour a échoué », au motif ô combien louable que ce projet ne tenait pas compte… des enfants ! Des enfants algériens, dont le bien-être lui importait infiniment plus que la survie des petits Français, comme l’avait prouvé en 1977 son insistant plaidoyer en faveur du regroupement familial.

« Merci, Madame », ont titré plusieurs quotidiens après son décès. On nous permettra de réserver notre gratitude à d’autres disparus.

Camille Galic -Présent

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