Hervé Cornara n’a mérité ni minute de silence, ni drapeaux en berne, ni grande manifestation nationale… La France n’est pas devenue Hervé. Il devait manquer de notoriété préalable… Cazeneuve, celui qui considère que “ce n’est pas un Délit de prôner le djihad”, etc. va oser se rendre à ses obsèques… Il n’est qu’à lire son discours du 15 juin dernier et ajouter le 1° juillet: « Le meilleur rempart contre le terrorisme, ce sont les musulmans de France » pour savoir combien, le sinistre de l’Intérieur porte lui aussi une très lourde responsabilité dans ce meurtre effroyable.
Par chance pour la famille Cornara, Hollande et les siens ont évité de nous refaire le coup du meurtre par déséquilibré interposé, déguisé en loup solitaire, en attendant c’est lui qui a perdu la tête lors de cette atroce boucherie islamiste. C’est le second Hervé ainsi trucidé… Il est vrai que l’assassinat de Hervé Gourdel était advenu en Algérie et que l’Algérie, c’est loin.. A quand un troisième Hervé? (NDLR)
Les obsèques de ce gérant d’entreprise assassiné vendredi passé par son employé Yassin Salhi ont lieu ce vendredi.
«Hervé était un mec formidable», avait lâché son ami Fernand Rodriguez au lendemain de son assassinat. À l’aube de ses 55 ans, cheveux grisonnants, allure simple et lueur de bonté dans le regard, Hervé Cornara habitait Fontaines-sur-Saône, en banlieue lyonnaise. Il était chef d’une petite entreprise de transport, montée il y a quelques années, qui tendait à se développer. Il laisse derrière lui une épouse, Laurence, ainsi qu’un fils d’une vingtaine d’années, Kévin, tous deux ébranlés par sa disparition et l’atrocité des circonstances.
Depuis l’attentat terroriste qui a ôté la vie au père de famille, vendredi 26 juin à Saint-Quentin-Fallavier, l’émotion est vive, parmi ceux qui l’ont côtoyé. A Fontaines, on semble ne s’arrêter de pleurer que pour faire part de son effroi et de sa colère face à tant de sauvagerie. Les habitants sont non seulement tristes d’avoir perdu un proche, mais également effondrés, de savoir que la barbarie a pu emporter un être comme lui. Mardi, alors qu’une marche blanche à travers son quartier avait été organisée afin de lui rendre hommage, la foule semblait s’étrangler d’un seul et même sanglot. Têtes basses et yeux rougis, les Fontainois se sont, ce soir-là, tus, face à l’indicible. La famille de la victime avait quant à elle pris la tête du cortège dans la plus grande dignité. Unie, pour tenter de supporter la douleur.
Un patron bienveillant
Décrit comme «un bon patron» par ses employés, Hervé Cornara laisse le souvenir de quelqu’un d’humain. Directeur de la société de transport Colicom à Grenoble, Stéphane Châtain l’a bien connu. Il brosse le portrait d’un homme sérieux, travailleur, rigoureux. D’un véritable leader, très bon chef d’entreprise, à qui l’on pouvait faire une confiance aveugle. Il pense également beaucoup à son dévouement, et à son sens du sacrifice: «C’était un vrai professionnel. En avril 2015, j’ai confié à sa société tous mes contrats de livraison sur la région lyonnaise. Hervé Cornara est devenu mon sous-traitant», explique le chef d’entreprise grenoblois. Lors de ce rachat, Hervé récupère les anciens locaux de la société Colicom, à Chassieu… Ainsi qu’un employé, Yassin Salhi, son futur assassin, et une camionnette, à bord de laquelle il sera décapité.
«Yassin, je le connaissais, c’est moi qui l’ai recruté, en août 2014», poursuit Stéphane Châtain. «Il ne m’a jamais posé de problèmes. Mais ces derniers temps, cela ne se passait apparemment pas très bien avec Hervé, qui le trouvait un peu trop lent à la tâche». Apprenant les difficultés que rencontre le patron avec son nouvel employé, Stéphane lui conseille alors de le licencier. Mais du haut de toute sa bienveillance, Hervé préfère garder Yassin Salhi à ses côtés. «Il ne souhaitait pas licencier un homme avec trois enfants. Il espérait que les choses s’arrangeraient.»
Dans une interview accordée à TF1, son fils, Kévin, l’a également décrit comme une personne altruiste: «Il était très dans le social, il voulait toujours aider les gens. Lorsque l’un de ses livreurs ne le satisfaisait pas, il faisait quand même tout pour le garder». La compassion d’Hervé envers Yassin Salhi lui aura peut-être coûté la vie.
«Il était extrêmement attaché à son quartier»
A Fontaines-sur-Saône, Hervé Cornara manquera aux siens. Connu pour son engagement en faveur de son quartier, le père de famille a su marquer les esprits au fil des années. Enfant des Marronniers, grand quartier HLM situé sur les hauteurs de la petite commune, il en était parti un temps, pour s’installer aux Antilles et travailler avec son frère… Avant d’y revenir, il y a sept ans, comme s’il lui était impossible de vivre ailleurs qu’ici, dans cette cité populaire faîte de barres d’immeubles un peu défraîchies où tout le monde se connaît, se salue, discute, échange, se rend service. Ici, où le brassage des populations se fait spontanément, entre cultures ou entre générations.
«Il était extrêmement attaché à cet endroit. Il savait sans doute, que sa place était ici, là où il avait grandi, dans ce quartier pour lequel il se battait au quotidien, pour éviter qu’il ne dépérisse», confie le maire de la ville, Thierry Pouzols.
Quinze ans plus tôt, Hervé Cornara avait en effet repris en main l’association des locataires de la cité, et en était devenu président. Depuis lors, dans le quartier des Marronniers, de nombreuses choses portent sa patte. Les espaces verts, qu’il avait fait refaire. Le système de chauffage, pour lequel il se bagarrait régulièrement, l’hiver, auprès de l’OPAC du Rhône, dès lors qu’il y avait une panne. Certaines charges d’immeubles, qui avaient pu être diminuées. «Hervé était un appui extrêmement important pour la municipalité. Il faisait tout, pour que ce quartier de 350 logements vieux de 50 ans se maintienne en bon état. Il était en constante réflexion, à propos de sa rénovation, nous soumettait des idées, se voulait le représentant de tous les habitants», poursuit Thierry Pouzols.
Comme d’autres, le maire n’hésite pas à aborder la vivacité avec laquelle Hervé Cornara pouvait parfois défendre le bien commun. Un argumentaire ficelé et directif face à ses interlocuteurs, parfois des tracts distribués dans les immeubles, des pétitions, des réunions, ou même, des manifestations. «Tout ce qu’il voulait, c’était faire de ce quartier un endroit où il fait bon vivre. En apportant du confort de vie, mais également en créant ici du lien social. Pour que tout le monde s’y sente bien et puisse y vivre en paix, et en harmonie avec les autres.» Manifestations festives, barbecues géants entre voisins, entre copains même. Desormais, à Fontaines, il en manquera un.