Voici le témoignage de Claire :
Journaliste en presse écrite, je suis depuis quelques mois les manifestations des opposants au mariage et à l’adoption pour les personnes de même sexe. Au cours de ces événements, il m’est arrivé de parler aux manifestants, autant qu’aux forces de l’ordre, aux commerçants, prenant note de tout ce qu’ils me disaient avec le plus grand intérêt.
De ce que je rapportais de ces témoignages, quelle ne fut pas ma surprise de constater que ma hiérarchie ne voulait pas en entendre parler. Ce comportement m’a poussé à m’intéresser davantage à ce mouvement qui semblait déranger.
Qui sont-ils ? Des étudiants, des jeunes pros, réunis autour de leurs convictions, mais aussi et surtout animés d’une joie et d’une paix jamais rencontrées lors de mes précédentes couvertures de mouvements sociaux.
Mais aujourd’hui je prends ma plume car il m’a paru important et de mon devoir d’informer et de faire connaître ces informations que j’avais glané, en particuliers auprès des policiers. Les forces de l’ordre, tout en obéissant aux ordres qui leur sont donnés à l’encontre des manifestants glissent souvent un petit mot laissant penser qu’ils ne sont pas si éloignés des causes que ces jeunes défendent. « Ne vous inquiétez pas, nous votons bien ». « Encore quatre ans à tirer ». « Ne lâchez rien ». ou encore : « Qui vous dit que ma femme n’est pas en train de manifester avec vous ? ».
L’un d’eux va plus loin et se confie : « Déjà le 13 janvier on avait l’ordre en début de manifestation de ne communiquer les chiffres sous aucun prétexte, mais les manifestants étaient bien plus d’un million deux cents mille, ça nous a été confirmé plus tard ». « Ca fait plus de dix ans que je fais ce métier, je n’avais jamais vu autant de monde, d’ailleurs le 24 mars, quand j’ai vu la marée arriver, j’ai pensé qu’on était foutu ».
Quelques jours plus tôt, devant le Palais de justice, à la rencontre des veilleurs debout, un des CRS lance en raccompagnant quelques jeunes au métro : « Vous pensez bien que ce que l’on fait est clairement politique, et encore vous n’imaginez pas les bêtises qu’on entend dans les couloirs à votre égard ». Un autre confirme : « On sait qu’on est borderline lorsqu’on raccompagne ces jeunes au métro puisqu’ils n’ont aucun signe distinctif ni slogan. On sait juste que ce sont eux, mais ce n’est pas un critère en soi ». Autrement dit du « délit de bonne gueule ».
Comme si ces témoignages n’étaient pas assez convaincants, un policier m’a confirmé il y a deux heures que lors d’une manifestation, les ordres étaient de communiquer par téléphone puisque les conversations radios sont enregistrées. Sourire gêné, le malaise est évident.
A ma question : « Pourquoi n’avertissez-vous pas les grands médias de façon anonyme », il répond : « On n’est pas encore en dictature, mais j’ai une femme et des enfants, je ne peux pas me permettre de perdre mon travail ».
Leur inquiétude majeure les prochains jours : « Comment identifier ces opposants le 14 juillet… »
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