Le vagin de “la reine qui prend le pouvoir” exposé à Versailles!

L’irruption de l’art contemporain dans la sphère publique nous est présentée comme une telle nécessité qu’il doit bien y avoir une raison, se dit-on à chaque fois qu’une structure gonflable, textile,métallique, défigure un haut lieu touristique. Chaque printemps par exemple le parc de Versailles nous gratifie d’une dizaine d‘installations plus ou moins absurdes dont celle qui fait jaser en ce moment Dirty Corner que l’artiste Anish Kapoor décrit comme «le vagin de la reine qui prend le pouvoir», une espèce de conque, je parle évidemment de l’oeuvre, qu’il définit encore en disant «j’ai eu l’idée de bouleverser l’équilibre et d’inviter le chaos».

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Quand, à propos de ces grandes opérations internationales qui coûtent des millions d’euros, on évoque l’offense faite à un certain ordre architectural et historique, quand on parle de profanation de la mémoire, on rend donc compte assez précisément de l’intention de l’artiste. Mais on ne comprendrait pas pourquoi on dépense autant d’argent pour infliger cette épreuve aux visiteurs (qui ont payé une visite normale du parc), s’il n’y avait, derrière, une sournoise et lucrative opération de spéculation financière.
Mais on ne comprend toujours pas où est l’intérêt. Ne vous inquiétez pas, l’artiste, ses galeristes, ses sponsors, les compagnies financières qui sont derrière l’opération, eux, ont très bien compris l’intérêt.
La raison pour laquelle le «vagin de la reine» n’est pas installé sur le parking du centre commercial des Quatre Temps près de la Défense, ni dans les plaines de Seine et Marne, ni sur une piste désaffectée de l’aéroport du Bourget, est que l’artiste doit faire photographier sa gueule de conque en présence du château de Versailles. En somme c’est un gros selfie à dix millions .
Mais on ne comprend toujours pas où est l’intérêt. Ne vous inquiétez pas, l’artiste, ses galeristes, ses sponsors, les compagnies financières qui sont derrière l’opération, eux, ont très bien compris l’intérêt. L’intérêt est de 10 à 20%. La cote d’Anish Kapoor grimpe tous les ans à la faveur de ces opérations publiques. Ensuite, comme ses homologues, il inonde le marché de pièces moins monumentales, que les investisseurs brésiliens ou chinois s’arrachent non à cause de leur valeur très hypothétique, mais parce qu’elles permettent de dégager une plus-value considérable sur quatre à dix ans. L’investissement de départ permettrait d’inférer aisément ce que rapporte, à ses organisateurs, ce schéma de Ponzi mais curieusement on n’en connaît jamais le chiffre. On ne le saura, comme pour Madoff, qu’après l’effondrement de la pyramide.

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“Face au château, il y aura une mystérieuse sculpture en acier rouillé de 10 m de haut, qui pèse plusieurs milliers de tonnes et avec des blocs de pierres tout autour. Là encore, à connotation sexuelle : le vagin de la reine qui prend le pouvoir. Un projet ambitieux mais pas si démesuré que ça à l’échelle de Versailles. Plus loin, deux gros miroirs et un nouveau bassin, creusé spécialement pour l’exposition. L’eau sera agitée par un vortex, pour créer un mouvement perpétuel. Et dans le bosquet de l’Étoile, on trouvera un énorme cube en bois percé de tunnels, que le public pourra emprunter. La tonalité générale de ma démarche est sombre, je l’admets. À l’entrée de mon atelier, j’ai épinglé la une d’un journal mettant en garde contre le sentiment anti-islam qui se développe en Angleterre et ailleurs. Quand je vois des œuvres d’art et des monuments réduits en poussière par des terroristes, une tragédie motivée par le cynisme, je me demande sur quelle planète on vit. En détruisant le passé, impossible de comprendre le présent. Il ne faut pas fuir ses responsabilités.”

Anish Kapoor

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