Pétés de thunes, arrogants, méprisants… Et ils s’étonnent d’être détestés ?

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Par Alain Sanders

Dans son interview à Vanity Fair, Jérôme Cahuzac (on ne présente plus…) déclare : « L’erreur de ma vie, c’est d’avoir accepté d’être ministre. » On aurait pu attendre qu’il dise plutôt que son erreur aura été d’avoir eu des comptes clandestins en Suisse et à Singapour. Mais non… Son « erreur », c’est d’avoir dit « oui » à un poste ministériel (avec pour mission la traque aux fraudeurs fiscaux, un comble pour ce renard libre dans un poulailler), un « oui » qui lui a valu d’être démasqué alors qu’il aurait pu passer entre les gouttes.

Ils sont nombreux comme ça, à droite comme à gauche qui, pétés de thunes, arrogants, méprisants, ne se sentent plus pisser. Ils sont totalement déconnectés du réel et du quotidien d’un peuple qui, même avec un job décent, a de plus en plus de mal à boucler les fins de mois.

Dernier exemple en date, Aquilino Morelle, un minet du premier cercle hollandiste (1). Par-delà ses liens présumés avec les laboratoires pharmaceutiques du temps qu’il était membre de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) – et donc juge et partie –, il y a ses minauderies de petit marquis du système (c’est nous qu’on est les princesses), ses pompes (qu’il faisait cirer dans un salon de l’Elysée) et ses œuvres, ses caprices (il a changé le mobilier, pour la deuxième fois depuis le début du quinquennat, de son bureau contigu à celui de Hollande), etc. Insupportable de suffisance au point que le personnel de l’Elysée a eu ce cri du cœur en apprenant sa démission : « Bien fait pour sa gueule ! »

Mais je ne voudrais pas avoir l’air d’accabler le seul « Petit Aigle » (aquilino) qui s’est brûlé en volant trop près du soleil. Un mot, par exemple, de l’honnête DSK qui s’est bien recyclé façon consultant, et qui a, notamment, des intérêts dans une banque d’affaires domiciliée au… Luxembourg. Ben voyons…

Nantis de gauche, nantis supposés « de droite », même combat. Prenons l’exemple du patron du Medef, le peu sympathique Pierre Gattaz qui émerge à je ne sais combien (pas de problèmes de fin de mois pour lui) et qui, toute honte bue, proposait récemment d’instaurer un salaire minimum (et même très minimum) « transitoire » inférieur au Smic. Mais il vit dans quelle bulle, sur quelle planète, dans quel monde, lui ? Est-ce qu’il a la moindre idée de ce que c’est que d’essayer non pas de vivre, mais de survivre avec le Smic ? Et il s’étonne, après ça, de ne bénéficier, selon un sondage BVA, que de 25 % de bonnes opinions contre 75 % de mauvaises ? Et je me demande même où on a trouvé ces 25 % bisounours…

Même l’ancienne présidente du Medef, qui n’a rien de Mère Teresa, Laurence Parisot, a qualifié la proposition de son successeur de « logique esclavagiste ».

Tout cela ne relèverait que de l’indécence si ces mêmes nantis ne venaient nous faire la morale et la leçon, nous inciter à nous serrer la ceinture, à faire preuve de civisme, à accepter un appauvrissement bientôt proche de la misère. Mais quand on touche des milliers, voire des dizaines de milliers, d’euros par mois, ce n’est plus de l’indécence, c’est une insulte au pauvre monde. Ah, elle est belle la « République exemplaire » promise par Normal 1er qui, dans bien des domaines, n’a rien à envier au bling-bling vulgaire de Sarkozy et de sa bande !

Ma grand-mère disait : « Un riche sans générosité et sans compassion est un arbre sans fruit. » Et elle ajoutait : « On ne monte pas au cocotier quand on a le caleçon bréneux. » On devrait toujours écouter les grands-mères.

(1) Sur les extravagances de Morelle et de sa dame, Laurence Engel…

 

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