On hésite à évoquer Orwell ou le père Ubu tant la – nouvelle – procédure intentée contre Pierre Sautarel semble relever de la pataphysique. Une pataphysique assez sommaire d’ailleurs, nos magistrats ne pouvant que difficilement tutoyer les nuages.
Pierre Sautarel, présenté comme responsable de la publication du site Fdesouche alors qu’il s’en est toujours défendu – le véritable propriétaire étant un Indien dénommé Tilak Raj – est donc mis en examen pour… antiracisme. Vous avez bien lu. Si la machine judiciaire semblait déjà intellectuellement ébranlée, elle a désormais sombré dans la plus pure dinguerie.
Il est ainsi reproché au site d’avoir relayé une vidéo du Front des Banlieues Indépendant, une organisation « diversitaire » qui s’opposait à l’attribution du label diversité au Conseil général de Seine-Saint-Denis. C’est donc pour des propos proférés par Hassan M’Barek (qui n’est probablement pas son allié politique le plus évident) que Pierre Sautarel est aujourd’hui mis en examen. M’Barek est une « figure » des banlieues, qui s’est illustré depuis plusieurs années dans de nombreux mandats associatifs : Maghreb Sans Frontières (qu’il copréside avec l’inénarrable Rachid Nekkaz), Collectif Banlieues Respect, Centre de recherches européen sur la Diversité (sic) jusqu’à l’actuel Front des Banlieues Indépendant.
Une guerre d’usure asymétrique
Si de telles mises en examen devraient être limitées aux pages judiciaires du 1er avril, il ne faut pas en sous-estimer l’importance. Car, pour ceux qui les subissent, elles entraînent leur lot de contraintes et de pressions psychologiques. Ajoutées année après année les unes aux autres, elles peuvent conduire à l’abattement et à la renonciation. Bien entendu, cela ne semble pas le cas pour Pierre Sautarel qui continue, avec discrétion et courage, d’animer le « premier blog politique de France ». Cela doit être pour chacun d’entre nous l’occasion de prendre conscience sur nouveaux frais des efforts qu’exige l’information indépendante en France. Cela est vrai pour Présent comme pour Fdesouche, qui travaille à une véritable guérilla numérique depuis maintenant douze ans. Douze ans, combien de militants peuvent s’enorgueillir de douze ans d’engagement sans faiblir ? Probablement beaucoup d’entre vous, je n’en doute pas. Mais peu parmi les bavards et les éternels coupeurs de cheveux en quatre.
Que chacun se retrousse les manches pour que nos petites guérillas, pratiquant le raid ponctuel et la ré-information en équipages légers, puissent devenir une armée organisée, dignement dotée, qui puisse faire pièce au rouleau-compresseur de l’oligarchie. Et d’ici là : soutien, amitié et longue vie à Fdesouche !