La Turquie attaque l’Arménie chrétienne!

Déjà lancée dans une confrontation tous azimuts contre les Kurdes de Turquie et de Syrie, le gouvernement islamiste turc a décidé d’attaquer l’Arménie chrétienne, une alliée de la Russie.

L’offensive néo-ottomane s’accentue

Le président islamiste turc, Recep Tayyip Erdogan, venait récemment d’exprimer dans un discours à l’académie militaire turque l’espace que son gouvernement considérait comme devant constituer sa zone d’influence directe :

“Nous n’avons pas le droit d’être indifférents aux géographies avec lesquelles nous avons des liens affectifs. Par exemple, nous ne pouvons pas détourner le regard des Balkans, du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et du Caucase. Nous ne pouvons pas négliger nos frères et sœurs d’Asie Centrale, qui est notre patrie, tout comme d’Afrique et d’Asie du Sud-Est, dont les cœurs battent avec les nôtres. Nous, ensemble, devrions être à la hauteur de cette responsabilité, que l’histoire nous confie.”

Le Chef de l’État Turc pointait du doigt à cette occasion trois éléments de l’impérialisme néo-ottoman renaissant : l’islamité sunnite, l’ethno-nationalisme turcophone et la géographie.

Cette déclaration, adressée à l’armée turque, signifie que l’approche militaire est désormais privilégiée par Ankara pour remplir ce que Recep Tayyip Erdogan qualifie de “mission historique”.

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Balkans, Ukraine, Syrie

L’activisme turc agit dans toutes les directions, sur différents plans. Ankara a ainsi noué un partenariat sécuritaire avec Kiev, tourné contre la Russie. Dans le même temps, la Turquie tente de se faire le porte-parole des Tatars de Crimée afin d’en faire un levier contre la présence russe.

En Roumanie, jadis occupée les Turcs, le gouvernement islamiste ente de faire construire une gigantesque mosquée dans la capitale, Bucarest (voir ici). Il s’agit, ni plus ni moins, que de revendiquer formellement la suzeraineté sur ce pays.

Plus récemment, ce sont cependant les plans expansionnistes turcs en Syrie qui ont attiré l’attention. Il s’agissait pour la Turquie de réviser à son avantage la carte du Moyen-Orient en détruisant le résultat des accords franco-britanniques de Sykes-Picot. Ceux-ci avaient abouti à la création d’états nouveaux dans la région sur les ruines des provinces de l’empire ottoman.

L’action de l’État Islamique vise des objectifs similaires, recherchant le démantèlement de l’Irak et de la Syrie.

L’intervention russe a brisé la stratégie turque en Syrie. Ankara ne peut plus ravitailler les djihadistes ni soutenir les rebelles islamistes du nord du pays. Pour la Turquie, la perspective de la conquête d’Alep – un but essentiel – comme celle du renversement de Bachar Al Assad, se sont envolées avec les opérations aériennes russes qui ont détruit les lignes d’approvisionnement turques vers la Syrie.

La Turquie ouvre un nouveau front islamique dans le Caucase

Ne pouvant plus, dans l’immédiat, bousculer la Russie ni l’Iran chiite en Syrie, il semble que la Turquie ait décidé d’agir militairement dans le Sud du Caucase, une zone sur laquelle Ankara revendique une influence directe comme l’a réaffirmé récemment Erdogan.

L’Arménie, un état chrétien coincé entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, a du faire face à une attaque militaire des troupes azerbaïdjanaises sur la zone du Haut-Karabakh. L’Azerbaïdjan est un pays musulman proche de la Turquie qui revendique le Haut-Karabakh, un territoire à majorité arménienne.

Depuis samedi, des heurts violents ont éclaté entre les troupes arméniennes et azerbaïjanaises, faisant des dizaines de morts de part et d’autres.

La réaction officielle du gouvernement turc est sans ambiguïté  :

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé samedi son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, pour lui présenter ses condoléances pour les soldats morts en martyrs contre les forces arméniennes le long de la frontière.

Le langage utilisé est limpide : le terme “martyrs” renvoie à la phraséologie islamiste relative à la guerre sainte contre des non-musulmans. Au surplus, le soutien d’Ankara à l’Azerbaïdjan suppose un encouragement à poursuivre les opérations armées contre l’Arménie dont le Haut-Karabakh est présenté par le gouvernement turc comme un territoire “occupé”.

Le représentant de l’Azerbaïdjan en Russie, encouragé par la Turquie dans une escalade militaire, a menacé Moscou de recourir à la force pour solder le problème du Haut-Karabakh (source).

L’Arménie, qui est liée à la Russie par une alliance militaire, devient pour Ankara un moyen de faire monter la pression sur le Kremlin afin qu’il change de position en Syrie. Mais aussi de demeurer un acteur central de la géopolitique du monde sunnite sur la scène internationale.

De plus, créer un front islamique entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan permettrait de créer un foyer de déstabilisation musulman au plus près de la partie russe du Caucase et d’y attirer des djihadistes de cette région, tchtéchènes notamment.

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