Délaissés par la mairie, nombre d’églises de la capitale montrent d’inquiétants signes de faiblesse. Samedi dernier, un incident est venu brutalement rappeler qu’il était plus que temps d’agir pour la protection du patrimoine religieux parisien : un morceau de crucifix s’est en effet détaché du clocher de Saint-Louis-en-l’île. Pas moins de trois kilos et demi de fonte se sont écrasés au sol. Après ce qui aurait pu être un drame, le conseiller de Paris Vincent Roger (UMP) a aussitôt réclamé un plan de sauvegarde du patrimoine religieux de la capitale. « Il faut que la ville, la région, l’État, le diocèse et pourquoi pas des mécènes se mettent autour de la table pour engager les mesures qui s’imposent. On ne va pas attendre qu’il y ait un mort pour réagir », a-t-il déclaré au Parisien.
Mais l’église de l’île Saint-Louis est loin d’être la seule dans cette situation. Il suffit de se promener dans Paris pour le constater : de nombreux édifices religieux montrent de graves signes de faiblesse. Les murs noircissent, les toitures cèdent et la pierre s’effrite, sans parler des peintures qui s’estompent. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des filets de protection placés sur les façades, et parfois même à l’intérieur des églises. Il y a deux ans, des blocs de pierre d’une statue de l’église Saint-Augustin (VIIIe) sont tombés sur la voie publique. Les églises de Saint-Merri (IVe) et Notre-Dame-de-Lorette (IXe) sont elles aussi dans un état très inquiétant. La magnifique église Saint-Germain-de-Charonne, en haut de la rue Saint-Blaise (XXe), est quant à elle purement et simplement fermée au public. Depuis le 5 décembre 2009, elle fait l’objet d’un arrêté de la préfecture car elle menace de s’effondrer.
En décembre, face à l’urgence de la situation, la ville de Paris a décidé de débloquer une enveloppe de 80 millions d’euros d’ici à la fin de sa mandature. Une somme qui semble loin d’être suffisante : pour certains monuments religieux les travaux de restauration nécessiteraient à eux seuls plusieurs dizaines de millions d’euros. Au-delà des questions de sécurité, ce sont aussi de nombreux ouvrages artistiques inestimables qui demanderaient à être entretenus.
Photo : Vue intérieure du dôme pseudo-byzantin de l’église Saint-Augustin (Paris VIIIe).